Correspondance de Madame de Graffigny. Tome X. 26 avril 1749 - 2 juillet 1750. Lettres 1391-1569, and: Correspondance de Madame de Graffigny. Tome XI. 2 juillet 1750 - 19 juin 1751. Lettres 1570-1722, and: Correspondance de Madame de Graffigny. Tome XII. 20 juin 1751 - 18 août 1752. Lettres 1723-1906 (review)

Ces dixième, onzième et douzième tomes amorcent le dernier tiers de cette l'édition savante, entreprise sous la direction de J. A. Dainard en 1985 à l'Université de Toronto qui comptera, au terme d'une production dont la régularité n'a rien à envier à la qualité, quinze volumes regroupant quelque 2 500 missives. Cette reconstitution magistrale de la production épistolaire vivante et pittoresque de Françoise d'Happoncourt (1695-1758) - devenue Mme de Graffigny après un mariage catastrophique, alors qu'elle avait seize ans, avec un mari fort violent de qui elle se sépara en 1718 - nous est livrée avec les mêmes principes d'édition qui ont gouverné les neuf précédents tomes : mentionnons, entre autres, la numérotation de chaque lettre selon l'ordre chronologique, ainsi que l'orthographe pour le moins originale et la grammaire plutôt approximative de Mme de Graffigny, conservées pour notre grand plaisir par les éditeurs, qui sont porteuses d'une grande spontanéité, bonifiée par un foisonnement de néologismes, de régionalismes, d'expressions idiomatiques et d'inventions stylistiques savoureuses. Le destinataire privilégié est, depuis 1737, François-Antoine Devaux - affectueusement sur-nommé « Panpan » -, indispensable confident de Lunéville, demeuré dans sa Lorraine natale alors que Mme de Graffigny s'est déplacée à Paris (1743), avec qui elle partagera sa passion de la littérature et du théâtre, et entretiendra une profonde relation de sympathie mutuelle. . . et l'essentiel de sa production épistolaire, à raison de trois missives par semaine en moyenne. Précisons que les extraits pertinents des lettres de Devaux sont inclus à même l'impressionnant appareil critique. La structure de chacun des trois tomes reprend systématiquement la séquence adoptée dans les volumes précédents, à savoir, outre les lettres reproduites, et plus d'une dizaine d'illustrations soigneusement sélectionnées, une brève mais non moins éclairante introduction historique, suivie d'un résumé chronologique des dates importantes de la période couverte; un utile index des nombreux surnoms employés dans les lettres (notamment pour déjouer la censure des postes), de même qu'un index des locutions colorées employées par Mme de Graffigny, précèdent l'index général qui clôt chaque volume.

Le dixième tome marque le jalon de la 1 500e lettre éditée depuis le premier volume de la série. Ces quelque quatorze mois (du 26 avril 1749 au 2 juillet 1750) sont exposés par 178 lettres où l'on voit Mme de Graffigny qui parvient enfin à s'émanciper financièrement, après des années de vie parisienne placées sous le signe de la précarité, marquées par les souffrances physiques et morales, la pauvreté chronique et la...