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  • Théâtre
  • Mariel O'Neill-Karch (bio)

Dans Le retour du tragique (1967), Jean Marie Domenach écrit: « On découvre que ce n'est pas les dieux qui suscitent l'inconciliable, l'inexplicable et l'incompréhensible, mais l'homme simplement dès qu'il entreprend d'aimer, de créer, d'organiser et d'être heureux, dès qu'il convoite la personne des autres et la sienne ». Certaines des pièces publiées cette année, notamment celles de Nancy Huston et de Michel Ouellette, exploitent le tragique en faisant un retour aux mythes grecs. D'autres, comme celles de Philippe Ducros, de Wajdi Mouawad (« Pour en arriver à se crever les yeux, il faut avoir vécu dans un aveuglement [End Page 423] préalable ») et de Marcel-Romain Thériault, sont des drames qui se jouent plus près de nous. Chacun de ces auteurs se pose les mêmes questions, qui touchent à la liberté, à l'identité, à la responsabilité et qui, depuis l'aube des temps, demeurent sans réponses.

Éditions du Blé

Fort Mac, du Manitobain Marc Prescott, présente en quinze scènes et quatorze intermèdes des personnages cherchant à profiter du boom économique causé par la ruée vers ce nouvel or, les sables bitumineux de l'Alberta. Jaypee et Mimi, un couple québécois ambitieux, marginal, magouilleur, ont installé leur roulotte près de Fort MacMurray, où ils vont patauger dans diverses formes de boue, espérant ainsi, mais sans tenir compte des lois de la gravité, régler leurs problèmes. Ils sont accompagnés par Kiki, la sœur de Mimi, une femme-enfant qui répand une lumière à la fois trouble et innocente, et Maurice, un Franco-Albertain de souche qui observe tant la dévastation du paysage que la désillusion du couple et la mort de Kiki, liée au message écologique énoncé en toutes lettres : « Dame nature est fatiguée, aussi. Elle s'est offerte à nous avec toutes ses bontés pis on la remercie en profitant d'elle. On prend avantage d'elle, on l'abuse. . . On la viole. »

Dramaturges Éditeurs

Martin Boisclair s'est produit avec grand succès en spectacle solo dans diverses villes du Québec. La publication de Chroniques du dépanneur permet à un nouveau public de goûter à ce texte autobiographique où l'auteur raconte l'été de ses huit ans, passé dans et autour du dépanneur familial. Les hauts et les bas de cette saison sont mis en parallèle avec le climat politique et social du début des années 1980. Il y a de la tendresse mêlée d'humour dans une succession de tableaux où défilent divers personnages du petit village qui ont contribué à faire du comédien l'homme qu'il est devenu. Une préface de Louis-Dominique Lavigne ajoute au plaisir de la lecture.

La mort guette tous les personnages de Je voudrais crever de Marc-Antoine Cyr, surtout ceux qui ne pensent qu'aux aspects matériels de la vie. Alors qu'ils frôlent la trentaine, période de la vie où l'avenir semble tenir encore ses promesses, quatre amis tournent autour de Mateo, dont la mort est imminente. Luce et Sylvain sont obsédés par l'idée d'avoir une maison dans la banlieue. Paul, après une douloureuse rupture, souffre de déprime, situation dont Solange s'éloigne en voyageant : « En voyage, la vie a pas la même couleur. L'angoisse a moins de sens. La peur est toujours là. La peine est plus immense. Mais plus creuse. Ça réconcilie les choses ensemble. » Mateo, sur son lit de mort, [End Page 424] passe en revue les plus beaux moments de sa vie, mêlant ainsi son passé lumineux, incarné par trois personnages formant chœur, à la grisaille qui colore le présent de ses amis.

Pierre-Luc à Isaac à Jos de Cédric Landry, originaire des Îles-de-la-Madeleine, met en scène un drame vécu maintes fois dans les petits villages côtiers. Cette fois, le fils a quitté sa région pour aller étudier les beaux...

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