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  • L'Osstidcho ou le désordre libérateur. Essai, and: La poésie vocale et la chanson québécoise
  • Daniel Laforest (bio)
Bruno Roy , L'Osstidcho ou le désordre libérateur. EssaiMontréal, XYZ éditeur, coll. Documents, 2008, 210 p., 24$
Jean-Nicolas De Surmont , La poésie vocale et la chanson québécoiseQuébec, L'instant même, coll. Connaître, 2009, 159 p., $15

Voici deux ouvrages qui pour aborder le même continent (la chanson au Québec) ont choisi des voies d'entrée absolument différentes. Question de méthode d'abord; affaire de sensibilité ensuite. Les projets des deux ouvrages, il faut le reconnaître, ne sont pas du tout les mêmes. Le livre de Bruno Roy examine le contexte qui a vu l'éclosion en 1968 du phénomène musical et scénique de l'Osstidcho. Il fait 200 pages. Celui de De Surmont entend parcourir l'ensemble de ce qu'a été jusqu'à ce jour la chanson en terre québécoise depuis l'établissement de la Nouvelle-France jusqu'à Star Académie: 160 pages au compteur. Disproportion éloquente quant aux infinies distances de focalisation dont est capable l'oeil historiographique. Qui plus est, le livre de Bruno Roy s'adresse à un public plutôt indé fini qu'on imaginera composé d'amateurs éclairés, de passionnés fébriles, de journalistes de fond peut-être, de chercheurs universitaires sans doute. L'ouvrage de De Surmont, du moins dans sa facture, à savoir celle du format de poche propre à la collection « Connaître » aux Éditions de L'instant même, se présente ouvertement comme un travail d'introduction et de référence générale.

L'Osstidcho ou le désordre libérateur est une étude très détaillée du légendaire spectacle, dont la première a eu lieu au théâtre de Quat'Sous le 28 mai 1968, spectacle dont la forme alors inédite, et surtout l'impact symbolique allaient faire un emblème haut en couleurs des changements profonds de la société québécoise de cette période. La facture du texte est assez singulière, à mi-chemin entre la faconde du conteur et la rigueur de l'analyse académique. Il s'agit de l'avant-dernier ouvrage de son regretté auteur, disparu au début de l'année 2010. Écrivain à l'aise dans plusieurs genres, docteur ès lettres, chroniqueur culturel, professeur influent dans le système collégial, intellectuel fréquemment public, communicateur de renom, Roy était aussi un amoureux notoire, et par [End Page 558] conséquent un spécialiste de la chanson québécoise. Avec l'anthologie des Cent plus belles chansons du Québec qui a paru à sa suite en 2009, L'Osstidcho. . . est peut-être l'ouvrage le plus représentatif de ce côté mélomane chez l'écrivain Roy. Toutefois la musique et la chanson ne se présentent pas en leur seul nom ici. Le livre de Roy, globalement bien maîtrisé sur le plan de l'écriture, est un essai au sens fort du terme — au sens où on y perçoit autant la texture d'une subjectivité que celle de son objet. Et cet objet est avant tout une époque. Celle procédant d'un découpage minutieux, de janvier à novembre 1968, opéré par Roy dans le grand corps des années 1960 québécoises. L'Osstidcho, en dépit de la stupéfiante absence de traces audio-visuelles qui le caractérise (quelques photographies reproduites dans le livre), gagne à voir ainsi ausculter sa légende qui autrement risquait de devenir un peu ronflante. Nul doute qu'il se bonifie également à être disséqué de la sorte au croisement de l'analyse littéraire, de la sociologie et de l'historiographie populaire. On voit réapparaître ses acteurs, ses lieux, ses gestes d'éclats, ses rapports de force, ses coulisses, ses historiettes, ses anecdotes et autres petits rouages. Au premier plan : Robert Charlebois, Claudine Monfette dite Mouffe, Louise Forestier et Yvon Deschamps. Au second, Paul Buissonneau, Marcel Sabourin...

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