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  • Roman
  • Pierre Karch (bio)

Plusieurs romans que nous avons reçus cette année portent sur des thèmes universels auxquels le sociologue Yuho Chang a consacré une monographie, Famille et identité dans le roman québécois du XXe siècle (Montréal, Septentrion, 2009). S'il a raison d'écrire que le noyau familial est vu comme microcosme de la société, on pourrait alors dire que, dans les œuvres recensées, certains narrateurs l'avaient enrobé de sucre comme une dragée, alors que d'autres le croquent et plus souvent qu'on ne voudrait, s'y cassent les dents.

Boréal

Il y a, n'en doutons pas, des réflexions qui touchent de près l'auteur dans Nous étions jeunes encore, le vingt-neuvième ouvrage de Gilles Archambault, comme celle-ci : « [. . .] des romans par lesquels j'avais tenté de décrire ma présence au monde, des romans dont je n'avais pas tardé à apprendre qu'ils disparaîtraient tout aussi secrètement qu'ils étaient apparus ». Comme on peut le voir, le romancier ne se fait pas d'illusion sur l'immortalité de ses œuvres, mais pareille constatation ne l'empêche pas d'écrire. Et c'est tant mieux pour ceux et celles qui aiment cette écriture racée. Comme ce roman observe la règle des trois unités chère à Boileau (temps, espace, action), on se dit qu'il faudrait l'adapter pour la scène. On imagine facilement, en effet, les personnages, peu nombreux, dans un décor de bon goût, échangeant des points de vue [End Page 379] sur la vie, l'amour et la mort, dans une langue que l'on redécouvrirait et qu'il ferait bon d'entendre.

Le premier roman de Gil Courtemanche, Un dimanche à la piscine à Kigali (2000) est traduit dans plus de vingt langues et a fait l'objet d'un film. Son deuxième roman, Une belle mort (2005) sera bientôt porté à l'écran. Quel sort attend Le monde, le lézard et moi? Comme le narrateur nous transporte au Congo et décrit la vie qu'on y mène, les lecteurs qui ignorent l'actualité seront vite dépaysés. Cette mise en garde n'enlève rien au mérite de ce roman bien documenté.

L'énigme du retour de Dany Laferrière appartient à une tradition littéraire qui remonte aux tout premiers textes connus, que ce soit de la Grèce ou de la Palestine. C'est aussi un texte surprenant, venant immédiatement après Je suis un écrivain japonais (2008), car il adopte, un an plus tard, un point de vue diamétralement opposé. Hier encore, détaché de son passé, déraciné, aussi bien en terre d'exil que n'importe où au monde, le voici maintenant de retour à sa terre natale pour renaître des cendres de l'oubli. Dans ce texte, il passe adroitement de la prose aux vers libres, de la passion à l'observation objective, des sensations aux réflexions. Tout, dans ce livre, a plu aux membres du jury qui lui ont accordé le prix Médicis dès le premier tour de scrutin par quatre voix contre une. À mettre donc entre presque toutes les mains.

Christian Feuillette

Dès la première page de Alea, premier roman d'Andrée Gagné qui a déjà publié deux recueils de nouvelles (Mikado, 2005 et Eaux-vannes, 2007) chez le même éditeur, l'essentiel de l'intrigue, qui est aussi le projet libérateur du personnage principal, nous est donné : « Jeanne cherchait à comprendre. Il n'y avait rien à comprendre. Inutile de chercher ». Un peu plus bas, sur la même page, l'auteure campe son personnage : « D'un côté elle regrettait, de l'autre elle se disait que toute vérité devait être dite. Et la vérité, pour elle, c'était tout ce qu'elle avait envie de dire. Chaque fois que cela arrivait, elle se promettait de changer. D'avoir plus de retenue. Mais cette résolution restait à l'état de projet ». Ce qu'elle réalise, c'est la résolution suivante...

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