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  • La Capricieuse (1855): poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914)
  • Valérie Lapointe Gagnon (bio)
La Capricieuse (1855): poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914), s. la dir. de Yvan Lamonde et Didier Poton Québec, Les Presses de l'Université Laval, 2006, 379 p.

Contrées lointaines oubliées, voilà ce que devient le Canada pour la France à la suite de la Conquête, bien que leurs liens s'étaient déjà [End Page 520] atténués avant cet événement phare. Cette colonie, qui fut à la source d'espoirs et d'attention de la part de la mère patrie, fut reléguée, pour reprendre la célèbre figure de style de Voltaire, au rang de « quelques arpents de neige ». Si les contacts se firent rares dans le siècle qui suivit l'instauration du régime britannique en Nouvelle-France entre l'ancienne mère patrie et sa fille perdue, il y eut tout de même des tentatives de rapprochements et c'est ce que propose d'explorer La Capricieuse (1855) : poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914), ouvrage collectif codirigé par les historiens Yvan Lamonde et Didier Poton, s'articulant autour de l'événement symbolique que représente le voyage en sol québécois de la corvette La Capricieuse en 1855. Premier navire militaire français à remonter le Saint-Laurent depuis la Conquête, La Capricieuse a marqué les mémoires canadiennes-françaises et sa venue amorça une reprise des relations officielles entre la France et son territoire perdu. Fruit d'un colloque tenu pour le 150e anniversaire de la venue de la corvette placée sous le commandement du capitaine Henri de Belvèze, ce collectif se compose de six-sept articles signés par des chercheurs issus du Nouveau et du Vieux continent explorant, en amont et en aval du périple de La Capricieuse, les relations entre la France et le Bas-Canada.

Ce qui se dégage principalement de cet ouvrage collectif qui touche aux dimensions économique, culturelle, littéraire, religieuse et politique des échanges entre la France et le Bas-Canada et qui couvre une vaste période temporelle - 1760-1914, en mettant principalement l'accent sur la première moitié du XIXe siècle -, c'est l'aspect unidirectionnel de la volonté de renouer les liens, qui provient presque exclusivement du Canada. En effet, la France cultive d'autres intérêts que le sort de son ancienne colonie, si bien qu'elle ignore ce qu'il advient de ses habitants. L'article signé par Yvan Lamonde met en lumière l'ampleur de cette ignorance en citant Alexis de Toqueville, qui effectue un bref séjour au Bas-Canada du 24 août au 2 septembre 1831, et qui admet humblement : « il n'y a pas six mois, je croyais, comme tout le monde, que le Canada était devenu complètement anglais ». Il y découvre avec surprise que les faits s'éloignent du regard altéré que jettent les Français sur l'ancienne colonie où le français est parvenu à s'enraciner solidement.

Dans plusieurs passages du collectif, on fait référence au sentiment d'identité qui émerge au Bas-Canada et qui se trouve en quête d'assises pour s'affirmer. D'où la volonté de raviver les relations avec la France, d'aller chercher des appuis dans l'ancienne mère patrie, appuis qui viendront difficilement, même si l'on assiste, lors des soulèvements des patriotes de 1837-1838, à un regain d'intérêt - quoique restreint - de l'ancienne métropole envers les Canadiens. La guerre de Crimée (1853-1856), où s'allient les puissances anglaises et françaises, naguère ennemies, changea la donne et facilita la reprise de contacts. C'est guidée par ces vents favorables que La Capricieuse s'aventura sur le [End Page 521] Saint-Laurent afin d'exécuter une mission qui se voulait officiellement commerciale et non diplomatique - il est à noter que chaque fois que les auteurs du collectif font réf...

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