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Reviewed by:
  • Nicole Brossard. Essays on her Works
  • Estelle Dansereau (bio)
Nicole Brossard. Essays on her Works, edited by Louise H. Forsyth Toronto, Buffalo, Chicago, Lancaster (U. K.), Guernica, Writers series 18, 2005, 255 p., 15$

L'œuvre de Nicole Brossard, traduite en anglais et dans de nombreuses autres langues, suscite un intérêt international croissant. Comme le montre la liste des auteures regroupées ici, les études critiques, elles aussi, transcendent les frontières de langue et de pays. Les traductions magistrales de Barbara Godard, Susan Lotbinière-Harwood, Erin Mouré et Robert Majzels fournissent un corpus imposant en anglais qui sert d'appui pour ces essais dans lesquels l'oeil critique est tout aussi bilingue que les ouvrages sous surveillance. Dans ce collectif d'essais critiques en anglais, Louise H. Forsyth a regroupé onze nouveaux textes par des chercheures canadiennes et américaines qui proposent des lectures plurielles, à partir d'approches variées, d'œuvres relativement récentes ainsi que de certains des textes brossardiens les plus marquants, tels [End Page 544] Picture theory et Le désert mauve. S'ajoutent dans ce collectif aux essais de plusieurs des critiques fidèles et connues de Brossard dont Louise Dupré, Barbara Godard, Susan Knutson, Alice A. Parker, et Claudine Potvin, d'autres plus récentes qui discutent de nouveaux thèmes et paradigmes. Les études regroupées, toutes conséquentes, témoignent de la richesse de l'œuvre brossardien dont les interprétations semblent inépuisables.

En guise de préface, trois textes servent à mettre en contexte Le désert les études qui suivent, en partie autour de la phrase inoubliable et provocatrice de Brossard prise comme refrain, « Écrire : je suis une femme est plein de conséquences » : le poème bilingue « Shadow, Soft et soif » en sept parties, la traduction en quinze fragments par Brossard de ses dialogues préparatoires avec Louise H. Forsyth, et l'essai introductif de Forsyth qui retrace la pensée et la réalisation créatrice de Brossard pour changer le monde et l'écriture. À la reprise des idées connues sur les fondements d'une œuvre postmoderne qui conteste les notions de subjectivité et d'identité, de réalité et de fiction, et qui subvertit l'usage de la langue, Forsyth avance que la réalité n'existe pour Brossard que dans l'écriture, donnant ainsi aux onze essais qui suivent leur centre et leur cohérence.

Les quatre premiers essais traitent d'Hier (2001), dernier roman qui comme les autres fabrique une prose mettant en question le genre même qui est pratiqué, et suggèrent, à l'exception de l'essai de Louise Dupré, quelques-uns des nouveaux paradigmes de l'œuvre. Établissant une continuité thématique expressive avec les grands romans brossardiens, Karen S. McPherson montre qu'Hier explore de façon consciente Histoire et histoire ainsi que mémoire et narration. Si ce roman se singularise par l'importance accordée au passé, au deuil et à la perte (economies of loss), il propose la rédemption par l'écriture. Selon Alice A. Parker, « Performativity », approche inspirée des écrits de Judith Butler et de la théorie des speech acts de J. L. Austin, sert à souligner l'écart entre les conventions de la fiction moderne et postmoderne, et en particulier, les stratégies qu'utilise Brossard pour subvertir les normes - les mécanismes de représentation, les divisions logiques et temporelles - et les transformer. Selon Louise Dupré, le roman Hier, sans trame narrative, structure ou personnage traditionnels, fonctionne plutôt comme un poème : il manifeste une structure définie par substitution, condensation et surdétermination. Ainsi Brossard peut-elle prolonger son projet d'écriture qui est de créer de nouvelles structures, de proposer de nouvelles façons d'entrevoir le temps et surtout le futur. Enfin l'essai de Claudine Potvin répond à un leitmotiv du roman Hier, celui du musée (lieu hétérotopique), du rapport entre l'art visuel et l'art littéraire, et voit comment l'objet d'art joue un rô le structurant dans le récit. Elle se sert de l'expérience du musée chez Brossard pour...

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