In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Âme, foi et poésie. Essai
  • Noële Racine (bio)
Jean Désy, Âme, foi et poésie. Essai. Préface de Thomas de Koninck Montréal, XYZ éditeur, coll. Documents, 2007, 150 p., 23 $

Poète, romancier, nouvelliste et essayiste, Jean Désy a vingt-quatre titres à son actif à ce jour. Dans son avant-dernier ouvrage, Âme, foi et poésie, il met à contribution sa triple expérience de médecin, de philosophe et de littéraire pour explorer un thème qui, d’après ses dires, lui a toujours importé : celui de « l’âme, l’âme personnelle tout comme l’Âme du monde ». L’œuvre aurait d’ailleurs pu s’intituler D’âme à âme, selon lui.

Divisé en dix parties qui se subdivisent elles-mêmes en quinze sous-sections, cet essai est également l’occasion, pour Désy, de « libérer les silences les plus signifiants de [sa] vie » et de « montrer la Beauté [de la terre] ». C’est que ce livre se compose de réflexions portant sur des sujets aussi multiples que variés auxquels se joignent des extraits de conférences prononcées en 2005 et 2006, des articles parus dans les revues Nuit blanche et Le médecin du Québec ainsi qu’une version abrégée du mémoire de maîtrise qu’il a rédigé, pendant les années 1990, sous la direction de Thomas de Koninck (professeur de philosophie, titulaire de la Chaire de recherche sur « La philosophie dans le monde actuel » à l’Université Laval, et signataire de la préface).

Le tout apparaît non pas comme une vaste méditation, mais plutôt comme un autoquestionnement à mi-chemin entre l’inquiétude et l’espoir sur ce qui fonde la vie et la condition humaines, ou, si l’on veut, comme une série de lettres que l’auteur envoie à son double intérieur. À cet égard, la citation de Claude Paradis mise en épigraphe aux [End Page 598] « Remerciements » semble programmatique : « Un poème, tu le sais mon ami, est une lettre que l’âme écrit pour elle-même, pour rejoindre toutes ces âmes ».

Ainsi, en plus de présenter « l’art de vivre [comme une] entreprise de lucidité » et la littérature comme un antidote contre le « fanatism[e] » et « la totale robotisation du monde et des esprits », Désy se demande, au fil des pages : « qu’est-ce que la folie, vraiment? », « la littérature rend-elle meilleur? », « les arts [. . .] ont-ils une fonction éthique? », et, ultimement, « [q]ui suis-je? » Les mots en général et le difficile travail de création poétique en particulier ne sont pas qu’une affaire de langage pour lui. Il croit plutôt qu’ils relèvent à la fois de l’« irration[alité] » et de la « transcendance », et que, partant, ils peuvent (peut-être) dissiper la solitude et le vide tout en éclairant la coexistence de la foi et de l’athéisme dans la société moderne.

On pourrait croire que la spiritualité, l’art et la poésie constituent les seuls sujets de cet ouvrage, mais ce serait occulter tout un pan de l’argumentation concernant l’inévitable rapport que l’on entretient avec « l’Autre ». De cette façon, Désy relate quelques rencontres troublantes qu’il a eues avec certains de ses proches ou de ses patients, des lectures qui se sont révélées déterminantes dans sa vie ainsi que quelques moments qui ont marqué ses séjours dans le Moyen et le Grand Nord auprès des Inuits et des animaux. Il dévoile, également, la perception qu’il a des étudiants (« Ils sont talentueux, intelligents, vifs, en santé, généreux, anxieux devant l’avenir [. . .] en voie de se transformer en quelques-uns de leurs rêves [. . .], mais la plupart ne savent pas qui ils sont [. . .] ils pensent qu’à cinquante ans, on est fini »), puis ce qu’il conçoit comme le rôle primordial de l’école (« hausser, autant que possible, le niveau de compréhension intellectuelle et affective des étudiants vis-à-vis de l’essentiel »). Il indique, par ailleurs...

pdf

Share