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  • Quel Autre? L’altérité en question
  • Janet M. Paterson (bio)
Quel Autre? L’altérité en question, s. la dir. de Pierre Ouellet. et Simon Harel. Montréal, VLB éditeur, 2007, 378 p.

Consacré à la notion de l’altérité, ce collectif représente la clôture des travaux de l’équipe de recherche sur le « Le soi et l’autre ». Marquant la fin de cinq années de discussions, de colloques et de nombreuses publications, dans le cadre du programme des Grands travaux de recherche concertée, ce livre interroge les bases philosophiques, le contexte sociohistorique et la portée éthique et esthétique de l’altérité.

Le directeur de la grande équipe, Pierre Ouellet, signale, dans son introduction, que le titre Quel Autre? sous sa forme interrogative et le sous-titre L’altérité en question disent bien que le fait et la notion « échappent à toute assertion et affirmation qui se présenteraient sous la forme d’une réponse définitive ». Effectivement, la nature hétérogène des sujets abordés dans les articles du collectif est frappante.

Le livre est divisé en trois parties. La première intitulée, « Philosophies de l’altérité » présente cinq articles. Jean-Christophe Bailly questionne « l’être et le devenir de l’autre » au sein de la scène pronominale; Paul Audi se penche sur la notion de l’excédence du Soi, alors que Georges Leroux entreprend une réflexion sur l’amitié et l’hospitalité à la lumière des écrits de Derrida. L’article de Gérard Bucher est consacré à l’autre universel et celui d’Éric Méchoulan, à l’altérité comme événement. Les écrits de Schopenhauer, Kierkegaard, Heidegger et Agamber permettent des interrogations philosophiques denses et prégnantes dans plusieurs de ces articles. [End Page 634]

La deuxième partie du livre se penche sur des textes littéraires et des œuvres d’art pour y déceler des formes variées d’altérité. L’animalité, comme figure, fait l’objet de l’article de Guillaume Asselin et la « force-forme » du poème est au cœur du texte de Franck Villain. Jean-Pierre Vidal dresse, pour sa part, une cartographie de l’autre dans Moby Dick de Melville, et Thierry Tremblay s’attache à la notion d’hospitalité dans l’œuvre de Pierre Klossowski. Les deux dernières analyses relèvent de l’histoire de l’art se consacrant aux œuvres de Greuze et Reynolds dans l’article d’Anthony Wall, et de Dionysos, comme figure de l’autre, dans le texte de Jean-Philippe Uzel.

La dernière section du livre porte sur les manières de « dire et traduire l’autre », en premier lieu à travers la notion de « témoignage », telle que la développe Alexandre Prstojevic, et ensuite par l’entremise des concepts de « transfert » ou de « transit » interdisciplinaire étudiée par Marie-Dominique Popelard. La notion de « traduction » et ses aspects étiques est abordée par Alexis Nouss et Sherry Simon qui, de son côté, en examine les enjeux sociohistoriques. L’ensemble de l’ouvrage se conclut par le texte de Simon Harel qui met en évidence une vision dysphorique de l’altérité en s’arrêtant sur les « zones de tension » et les « espaces conflictuels » dans certaines sociétés.

Étant donné la variété des sujets abordés, il est impossible de faire une synthèse de la contribution de ce volume à la notion d’altérité. On peut en fait regretter un certain effet de dispersion. On a l’impression (qui n’est peut-être pas fausse) que tout est altérité : autant l’art que l’animalité sans oublier la relation du soi à autrui. C’est à se demander si l’élasticité de l’altérité ne lui enlève pas, au bout du compte, une force et une rigueur conceptuelles. Ceux et celles qui souhaiteraient, en lisant ce volume, une réflexion soutenue et cohérente sur la question de l’Autre seront déçu-e-s et feront sans doute écho au titre en se demandant non sans impatience : quel Autre? Il peut également paraître...

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