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  • Quête identitaire et subjectivité dans la prose québécoise du XIXe siècle
  • Patrick Bergeron (bio)
Paul Perron, Quête identitaire et subjectivité dans la prose québécoise du XIXe siècle. Taiwan, NCUPress, Études françaises et francophones, Presses de l’Université nationale Centrale, Toronto, Legas Publishing, 2006, 326 p.

Cet ouvrage est né d’un séminaire de maîtrise intitulé « Théories et critique littéraires », que Paul Perron a offert à des étudiants de l’Université Nationale Centrale de Taiwan au printemps 2006. Pour les aider à se préparer aux discussions hebdomadaires, Perron a pris l’habitude de leur faire parvenir par courriel les textes de ses séminaires une semaine à l’avance. Ce livre reprend le contenu de ces séances, que l’auteur a préféré ne pas retoucher, dans le but de préserver le caractère particulier de cette expérience pédagogique.

De prime abord, la perspective transculturelle de l’ouvrage peut déconcerter. Perron ratisse large : il examine la critique littéraire en France depuis 1950 et se penche sur des théories sémio-narratologiques ; il élabore une méthode critique fortement inspirée des travaux de Barthes, Genette, Bremond, Greimas, Ricœur et Sartre, et l’illustre à partir des Relations des jésuites de Jean de Brébeuf; enfin, il analyse des œuvres de prosateurs québécois du XIXe siècle : Patrice Lacombe, Philippe Aubert de Gaspé et Narcisse-Henri-Édouard Faucher de Saint-Maurice. Pour un public estudiantin taïwanais, le tour d’horizon français et francophone sera des plus enrichissant, même si la somme de travail impliquée pour assimiler la matière défie l’entendement. Pour un lecteur possédant déjà ces points de repère, une impression d’éparpillement semble inévitable. Aussi faut-il lire ce texte en se souvenant que le lecteur visé dispose de traditions culturelles, historiques et intellectuelles complètement différentes des pratiques canadiennes ou européennes.

La première partie, « Méthodes critiques », vaut comme récapitulation des apports critiques des grands auteurs structuralistes. Cette partie n’est guère novatrice, parce que (soyons juste) son dessein n’est pas d’innover, mais de « forger une méthodologie cohérente à valeur heuristique ». Cette [End Page 617] méthode revêt une teneur phénoménologique, herméneutique, narratologique et sémiotique. Chez Roland Barthes, Perron passe en revue le modèle structural et discute de ses apports et ses limites. Chez Claude Bremond, Perron extrait les fonctions et les séquences du récit, et privilé-gie la strate actionnelle amélioration-dégradation. Algirdas Julien Greimas lui permet de dégager le modèle interactionnel et les modalités relatives à la compétence et la performance (vouloir/pouvoir/devoir/savoir). D’Émile Benveniste, Perron reprend certains aspects de la théorie de l’énonciation. Bref, cette partie inaugurale est une synthèse rendue solide par des années de pratique d’analyse. Elle demande d’être lue lentement. Elle est complétée, en fin de volume, par une annexe sur Paul Ricœur (qui aurait pu être incorporée au premier chapitre) et un glossaire renvoyant lui-même à Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage (Hachette, 1993) d’A. J. Greimas et J. Courtés.

La deuxième partie de Quête identitaire et subjectivité entame une analyse du roman en deux étapes : le roman agricole (La terre paternelle) et le roman historique (Les anciens Canadiens). Perron a choisi les textes de Patrice Lacombe et de Philippe Aubert de Gaspé à cause de l’influence qu’ils ont exercée sur des générations de romanciers venus après eux, en gros jusqu’à Ringuet. La troisième partie s’intéresse à la prose narrative brève. Perron propose une lecture de deux contes de Faucher de Saint-Maurice : « Le père Michel » (qui cristallise l’animosité québécoise contre la guerre et les Anglais) et « Madeleine Bouvart » (qui met en scène une jeune héroïne lors de la Révolution américaine de 1775). Perron ne...

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