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  • Toronto s’écrit. La Ville Reine dans notre littérature
  • Patrick Bergeron (bio)
Paul-François Sylvestre, Toronto s’écrit. La Ville Reine dans notre littérature. Toronto, Éditions du GREF, coll. Lieux dits, 2007, 216 p., 29,95$

On ne peut qu’applaudir l’initiative de Paul-François Sylvestre : rassembler une première anthologie francophone de portraits de la Ville Reine. La présentation est attrayante et le contenu, avenant (« 60 écrivains, 120 textes, 140 illustrations », indique la quatrième de couverture). Du [End Page 614] coup, on se demande : à quand un Vancouver, un Halifax ou un Calgary s’écrit ? En ce début de troisième millénaire qui a marqué, de façon rapprochée, le quatricentenaire de l’Acadie et de la ville de Québec, il est bon d’attirer l’attention sur la présence et la vitalité de la langue de Molière dans la métropole ontarienne car, malgré un maigre 1,5 % de Torontois francophones, la Ville Reine parle français depuis quatre cents ans. Telle est, du moins, la démonstration à laquelle s’emploie Sylvestre dans cet ouvrage.

L’inspiration lui a été fournie, en grande partie, par le magnifique volume qu’avait fait paraître Gilles Pellerin en 1995 : Québec. Des écrivains dans la ville (L’instant même / Musée du Québec). Pellerin faisait fond sur le rayonnement historique de la Vieille Capitale en ornant la couverture d’une photographie du parc Montmorency (l’un des hauts lieux de l’histoire religieuse et politique de la ville) avec le château Frontenac en arrière-plan. Plutôt que d’opter pour la Tour CN, Queen’s Park ou l’opulente Casa Loma, qui auraient été des symboles adéquats, Sylvestre a placé en illustration de couverture le célèbre tramway rouge et blanc, en plein déplacement (on s’étonnera, paradoxalement, de n’apercevoir que trois passagers à son bord). Cela veut dire que l’auteur a choisi le dynamisme et l’élan de transformation de la ville de préférence à son passé et ses traditions, un choix judicieux si l’on pense aux stéréotypes qui continuent, selon Sylvestre, de faire de Toronto une ville méconnue et mal aimée des Canadiens.

Quant au titre Toronto s’écrit, il semble avoir été calqué sur le livre de François-Xavier Chamberland, source de plusieurs citations : L’Ontario se raconte : de A à X, entrevues radiophoniques (gref, 1999). Chamberland, animateur à la radio française de la SRC, a réalisé une centaine d’entrevues entre 1993 et 1996, au cours desquelles ses vis-à-vis se rappelaient leur arrivée à Toronto et décrivaient leur perception du fait français dans la Ville Reine. Sylvestre applique le même principe dans sa sélection d’extraits d’œuvres littéraires : il cherche à la fois des évocations de la Ville Reine (quartiers, rues, monuments, etc.) et des manifestations de francité. Émettons cependant de premières réserves – d’autres suivront – sur le choix du possessif dans le titre : « notre littérature ». Où commence et où s’arrête ce « nous » ? Si l’auteur a en tête la littérature franco-ontarienne (ce qui semble le cas), il néglige ses lecteurs hors Ontario. Mais ce n’est pas là, surtout, que le bât blesse; est plus néfaste, pour l’esprit du volume, la restriction qui frappe le corpus. En ne retenant que les témoignages issus de la littérature franco-ontarienne, Sylvestre limite son champ d’observation. Dans Lectures franco-ontariennes (gref, 2005), c’était justifié : Sylvestre voulait rendre compte de la richesse de la littérature contemporaine en Ontario français au miroir d’une quarantaine de critiques de livres qu’il avait rédigées entre 2002 et 2005. Ici, l’objet est d’une autre nature : il s’agit de montrer Toronto selon la vision qu’en ont ses écrivains. [End Page 615] On peut comprendre que Sylvestre ait exclu les descriptions émanant d’auteurs européens, même s’il aurait été instructif de découvrir ce que des observateurs venus des vieux pays...

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