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Reviewed by:
  • Correspondances, and: Victor-Lévy Beaulieu. Un continent à explorer
  • Jimmy Thibeault
Victor-Lévy Beaulieu [et] Jacques Ferron, Correspondances. Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, 2005, 117 p., 18,95$
Jacques Pelletier , Victor-Lévy Beaulieu. Un continent à explorer, s. la dir. de Jacques Pelletier. Québec, Éditions Nota bene, coll. Séminaires, 2003, 452 p., 22,95$

Correspondances rend compte de la profonde amitié qu'ont partagée deux écrivains qui, chacun à leur manière, ont marqué le paysage littéraire du Québec, soit Victor-Lévy Beaulieu et Jacques Ferron. À la lecture des quelques lettres que reproduit l'ouvrage, on constate cependant que cette amitié, d'abord initiée dans un rapport d'éditeur (Beaulieu) à écrivain (Ferron), prend rapidement les allures d'un rapport ambigu entre le disciple et son maître ou, mieux, entre le fils et son père (au sens figuré, évidemment). Le ton élogieux qu'ils prennent pour décrire le travail de l'autre et la constante comparaison qu'ils en font avec leurs propres [End Page 596] œuvres donnent effectivement au lecteur l'impression qu'il existe entre les deux hommes un respect qui dépasse la simple amitié. Beaulieu, par exemple, écrit, le 4 décembre 1980: «Mais comment vous dire que je vous aime sans que cela fasse prétentieux, à vous qui avez donné naissance à notre littérature et avez voulu, un long moment, ne pas l'assumer?» Ferron, refusant cette importance que lui accorde Beaulieu, et se réclamant du droit de se dire écrivain mineur, répond: «Vous êtes [Victor-Lévy Beaulieu] le grand écrivain que je n'ai pas été, c'est aussi simple que ça.» Correspondances retrace, en quelque sorte, l'évolution de cette filiation entre les deux écrivains à travers, certes, les lettres qu'ils se sont échangées de 1971 à 1984, mais également par la mise en contexte, dans la présentation de l'ouvrage, que fait Beaulieu de son rapport à Ferron, ainsi que par l'ajout, à la fin du livre, de trois textes inédits de ce dernier.

Dans la «Présentation», Beaulieu propose de remettre en contexte sa correspondance avec Ferron à travers certains éléments biographiques décrivant leur caractère respectif, les épreuves personnelles qu'ils ont dÛ traverser chacun de leur cô té et le lien d'amitié qu'ils ont partagé. On apprend ainsi pourquoi les lettres qu'on retrouve dans l'ouvrage sont peu nombreuses alors que Beaulieu affirme être ni «un écriveux de lettres», ni «de ceux qui attendent avec fébrilité que le facteur passe chez eux». De plus, Ferron venait au moins une fois par semaine le rencontrer à son bureau d'éditeur où, fumant une cigarette, il soliloquait «sur toutes sortes d'auteurs et de livres, avec parfois une fébrilité qui faisait venir de petites bulles de salive aux commissures de ses lèvres». Beaulieu avoue avoir parlé peu dans ces moments, non pas parce qu'il entrait en transe sous les paroles de son interlocuteur, comme l'affirme Ferron dans une lettre adressée à John Grube le 6 février 1982, mais plutôt parce qu'il ressentait un véritable plaisir à apprendre les choses que Ferron avait à lui enseigner. Et s'il écrit finalement quelques lettres à Ferron, c'est d'abord par obligation professionnelle, puisqu'il était son éditeur, mais surtout parce que ce dernier «aimait recevoir [des lettres] et il aimait leur répondre». Outre le contexte de leur rencontre, Beaulieu précise également quelques éléments biographiques qui expliquent le contenu et le ton de certaines lettres. Il mentionne, par exemple, l'importance qu'ont pu avoir les événements de la Crise d'octobre sur l'écriture de Ferron, la peur que ce dernier avait de ne pas avoir le temps d'écrire tous les livres qu'il voulait écrire ou, en se référant à lui-même, les problèmes de santé qu'il avait eus et que la critique a attribués à sa consommation d'alcool.

La correspondance elle-même, au delà des éloges que se font les deux écrivains, me semble d'autant plus intéressante qu'elle entraîne le lecteur...

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