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  • Album Miron, and: Au-delà de L'Homme rapaillé: poèmes épars
  • Hugues Corriveau
Marie-Andrée Beaudet , Album Miron. Montréal, Éditions de l'Hexagone, 213 p.
Au-delà de L'Homme rapaillé: poèmes épars, s. la dir. de Marie-Andrée Beaudet et Pierre Nepveu, avec la coll. de Catherine Morency. Québec, Éditions Nota bene, coll. Séminaires, 196 p.

Qui ne se souvient du rire tonitruant de Miron, de ses dithyrambes et de son éloquence urbaine ! Il était là au moindre carrefour à attendre le moindre moment de parler pays et poésie, de dire la passion incommensurable qui le consumait de savoir la langue française en état de grâce, de savoir l'œuvre bien lue, bien sentie. Il n'est plus. Nous sommes déjà dans la souvenance. Et quelqu'un veille avec amour et sur l'œuvre et sur sa destinée, à savoir Marie-Andrée Beaudet qui, en 2006, a offert au Québec un inoubliable Album Miron, acte d'amour d'une passionnée et non moins grand apport d'un éditeur attentif à nous offrir un beau livre, un objet qui ne périra pas. Livre d'images s'il en est un, mais livre témoignage qui nous permet d'accompagner l'auteur de sa naissance à sa mort, à travers des trésors iconographiques, des livres et des passeports, des manuscrits et des éditions de luxe. Miron en sa « mironnie » rayonne ici dans sa plus éminente importance, nous conviant sans nostalgie au respect qu'on lui doit.

Marie-Andrée Beaudet n'a ménagé aucun effort pour réunir ce qui lui semblait être un travail de mémoire : état des lieux, état du vivant. Délicat [End Page 585] travail qui met en perspective les étapes d'une vie consacrée à la « geste nationale ». Une fabrique du texte, comme l'aurait sans doute imaginé un Francis Ponge : un atelier de papiers épars et de rassemblements.

Marie-Andrée Beaudet le précise dans son avant-propos : « le présent album s'attache justement à retracer en images les chemins de sa vie et de son œuvre. Par le choix et la mise en séquences des illustrations, il construit nécessairement un récit [. . .] ». Cet album reflète avec infiniment de délicatesse l'image d'un homme public, que la grandeur de l'œuvre poétique a transporté. Certaines photos familiales nous le donnent au plus profond de l'émotion, d'autres le surprennent en soutane durant ses années de juvénat au Mont-Sacré-Cœur à Granby, sous le nom de Frère Adrien dans les années 1940, ou à sa sortie de la communauté des frères du Sacré-Cœur en 1947. Ce qu'on trouve dans ce livre — sous la couverture de laquelle un Miron resplendissant sourit — ce sont des documents précieux, provenant du fonds Gaston-Miron de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ainsi que des archives personnelles de Miron.

Comme le signalait Jean-François Nadeau, dans Le Devoir (vol. XCVII, no 239, les samedi 21 et dimanche 22 octobre 2006, p. F 2), pour beaucoup « au nom d'une certaine pureté des idées, les écrivains deviennent en effet des êtres désincarnés ou, à tout le moins, quelque peu décontextua-lisés des misères et des premières nécessités de l'existence qui forgent pourtant la vie de chacun. Miron, venu d'un milieu modeste qu'il n'a jamais renié, ni dans sa vie ni dans son œuvre, était bien l'exact contraire d'un être sans attache ni racines [. . .] ». Or, ce que parvient à faire Marie-Andrée Beaudet, c'est une actualisation dynamique et de l'auteur et de son œuvre. Elle rend éminemment vivante l'iconographie ; et l'accompagnement de certains textes de Miron, d'un inédit même, impose des dimensions hautement impératives à cette entreprise.

Il faut transmettre au plus grand nombre le goÛ t d'aller se perdre en ce lieu magique de l'accomplissement. Revoir Miron, c'est déjà le ramener dans la vivance de son œuvre, c'est lui...

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