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  • Épigone, histoire du siècle futur (1659)
  • Daniel Vaillancourt (bio)
Michel de Pure, Épigone, histoire du siècle futur (1659). Édition établie par Lise Leibacher-Ouvrard et Daniel Maher Québec, Les Presses de l’Université Laval, Les collections de la République des Lettres, Sources, x-235 p.

Amateur de salons mondains, scribe attentif des précieuses, voire un de leurs inventeurs, l'abbé Michel de Pure est un auteur qui, après avoir été oublié, a été depuis une trentaine d'années l'objet de diverses campagnes de lecture, espacées entre elles. Ses romans sont touffus, parfois difficiles à suivre, mais traduisent bien la sensibilité littéraire de son époque. Dans le roman Épigone, histoire du siècle futur (1659), de Pure propose, outre un récit utopique, une uchronie. Genre radicalement nouveau, oscillant entre les utopies et la science-fiction, son texte s'avère le précurseur en langue française d'une forme fictionnelle qui connaîtra des succès retentissants dans les siècles qui suivent. Comme les éditeurs du texte le rappellent, l'uchronie, proche de la science-fiction, est située dans une temporalité futuriste, construisant un monde à partir des extrapolations du temps présent. Dans le cas d'Épigone, l'histoire se déroule lors du règne de [End Page 125] Clodovée xviii, vraisemblable descendant des monarques Bourbon. Véritablement impossible à résumer, le récit met en scène les aventures d'Épigone, un frère du roi Clodovée qui doit s'exiler de la Clodovisie, et Arescie, une princesse étrangère rencontrée lors d'un combat naval. Épigone aura à évincer trois princes rivaux et à séjourner en Istate, le royaume des mignonnes, où lui et sa princesse seront faits prisonniers. Le séjour à Istate est le fait d'un récit enchâssé dont la narration est assumée par Aricas, le gouverneur d'Épigone. Le roman se termine, sans se clôturer, par ce récit.

Il est particulièrement heureux de voir paraître cette édition savante qui, en plus de rendre le texte accessible, en propose, au moyen de l'apparat critique et de l'introduction, une interprétation mesurée et intelligente. Car compte tenu de ce qu'on est en droit d'attendre d'une édition savante, cet ouvrage y répond tant par la pertinence et la qualité du texte édité que par le travail philologique et sémantique qui est fourni au lecteur. L'intention des éditeurs, Lise Leibacher-Ouvrard et Daniel Maher, est de « réconcilier » les « deux solitudes critiques » que sont l'histoire littéraire du xviie siècle et les études sur la science-fiction et les récits d'anticipation.

Le volume est constitué d'une introduction d'une trentaine de pages qui résume la biographie de l'auteur, fait écho aux problèmes littéraires entourant l'œuvre de Michel de Pure et fait le point sur des problèmes de poétique générique entourant le texte. Un aide-mémoire sur la vie de l'auteur et le protocole éditorial viennent clore l'introduction. L'orthographe a été modernisée tout en « respectant autant que possible le texte de base », tel que le veut la collection de la République des Lettres. Dans le corps du texte, on a inclu la pagination de l'édition originale (détail de peu d'importance, mais qui signale bien la nature savante du projet éditorial). La deuxième portion de l'ouvrage contient le roman, divisé en trois parties et s'étalant sur 146 pages. Suit une liste de corrections qui sont indiquées dans le texte par un sigle. Les éditeurs ont choisi de conserver la pagination de l'original pour les renvois : cela crée un peu de confusion au début. On trouve également un index des noms qui est aussi la « Clef des noms obscurs ». Leibacher-Ouvrard et Maher ont aussi ajouté en annexe un second texte, Le royaume de la coquetterie de l'abbé d'Aubignac, pour lequel ils ont fait le même type de travail éditorial, soit la correction orthographique, les...

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