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  • À propos de culture intellectuelle. Conférence donnée le 22 avril 1903 à l’Institut canadien de Québec
  • David M. Hayne (bio)
Edmond de Nevers, À propos de culture intellectuelle. Conférence donnée le 22 avril 1903 à l’Institut canadien de Québec. Édition établie par Jacques Blais avec une chronologie et une bibliographie Québec, Éditions Nota bene, 2003, 317 p., 24,95$

Edmond de Nevers (1862–1906), l'un des « penseurs impuissants » examinés par Gérard Bouchard dans son ouvrage de 2004 (La pensée impuissante), se révèle dans cette édition être plutôt un littéraire bien informé et un musicien doué qui a eu le malheur de naître trop tôt dans un pays trop jeune. À l'aide de l'excellente chronologie des pages 21 à 79, nous pouvons suivre sa carrière au jour le jour ou presque. Ayant fait la plus grande partie de son cours classique au séminaire de Nicolet, Edmond Boisvert est admis au barreau en 1883, mais le droit ne le tente pas longtemps. Il part en 1888 pour l'Europe, où il reste jusqu'en 1900, faisant des études de langue et de littérature d'abord à Berlin, puis dans les pays latins et scandinaves, et même à Londres ; ce long séjour est interrompu par un voyage aux États-Unis en 1894–1898. Il se familiarise avec plusieurs langues européennes, connaissant le norvégien suffisamment pour traduire, en collaboration, deux pièces d'Ibsen, qu'il signe d'un pseudonyme, « Edmond de Nevers ». Installé à Paris à partir de 1892, il publie en 1896 L'avenir du peuple canadien-français, volume qu'il présente à plusieurs amis, mais qui ne fut jamais mis en vente. Rentrant définitivement au Canada en 1900, il fait paraître des études sur l'âme américaine et des traductions de Matthew Arnold avant de se retirer chez ses parents aux États-Unis.

Parlant devant les membres de l'Institut canadien de Québec en avril 1903, Edmond de Nevers reprend des thèmes qu'il avait traités dans les années 1890 en Nouvelle-Angleterre et à Montréal : l'importance de la culture intellectuelle dans les milieux francophones (« il incombe à l'homme de race française, partout où il se trouve, d'être le premier par la culture de l'esprit »), le rôle primordial de la lecture dans la formation de l'esprit, et l'éventuelle influence française dans « la grande amphictyonie [End Page 66] continentale » qui serait produite quand le Canada aurait été absorbé par les États-Unis. Il passe ensuite à quelques conseils pratiques : « Lisez la plume à la main, copiez des passages dans un cahier de lectures, et apprenez des poèmes par cœur pour retenir l'essentiel de vos lectures. Commencez par les récits et les romans, pour arriver ensuite aux œuvres plus sérieuses et à la poésie, en n'excluant pas les chefs-d'œuvre étrangers, allemands ou anglais. » Rompant avec la tradition canadienne, le conférencier affirme que le xixe siècle « est la période la plus brillante, la plus abondante de la littérature française » et que la période contemporaine, celle des « décadents » et des « symbolistes » qu'il avait connue à Paris, ne mérite pas une condamnation intégrale. La plus grande partie de cette « causerie décousue » consiste en une anthologie personnelle des morceaux que la mémoire prodigieuse de Nevers lui avait permis de retenir de ses lectures. Il n'hésite pas à se moquer des théories de la coloration ou de l'instrumentisme des voyelles en poésie française, mais il trouve le moyen de parler longuement des poètes « décadents » et même de commenter favorablement quelques feuilletonistes jugés « dangereux ». Il est évident que le texte de cette partie de l'ouvrage a été revu avec soin : les citations ont été soigneusement vérifiées et les coquilles sont rares.

Les notes compilées par les membres de l'équipe sont copieuses et instructives : on y lit deux pages sur la ville de Woonsocket, trois pages sur les bibliothèques de Qu...

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