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Reviewed by:
  • Approches de l'essai. Anthologie
  • Pascal Riendeau (bio)
François Dumont, Approches de l'essai. Anthologie Québec, Éditions Nota bene, coll. Visées critiques, 276 p., 11,95$

Auteur de plusieurs travaux stimulants sur l'essai et directeur du collectif La pensée composée. Formes du recueil et constitution de l'essai québécois (1999), François Dumont a eu la très bonne idée d'éditer une anthologie de dix textes théoriques et critiques sur l'essai, qui portent en particulier sur sa forme, sa spécificité, ainsi que sur la place qu'il occupe dans la littérature et en sciences humaines. Une telle anthologie est non seulement utile mais nécessaire ; le regroupement de ces textes déjà parus, loin d'être superflu, procure un outil supplémentaire afin de comprendre l'évolution de la théorisation de l'essai. La sélection est toujours discutable, mais fort justifiée dans ce cas-ci : de Lukács (1911) à Irène Langlet (1998), on assiste à une brève traversée internationale des études sur ce genre si singulier inventé par Montaigne. On y retrouve aussi des textes de Theodor Adorno, Jean Marcel [Paquette], Jean Terrasse, Marc Angenot, André Belleau, Jean Starobinski, R. Lane Kauffmann et Robert Vigneault. On peut néanmoins [End Page 76] déplorer — Dumont en parle d'ailleurs dans une note — l'absence de toute étude n'ayant pas été écrite ou déjà traduite en français, notamment l'excellent livre de Claire de Obaldia, The Essayistic Spirit (1995). Cela mis à part, on peut affirmer sans hésiter que Dumont a atteint son objectif de « faire apercevoir la richesse des principaux travaux fondateurs dans ce domaine » en « privilégi[ant] la variété des questions et des manières ».

Présenter les études par ordre chronologique de publication s'est révélé d'autant plus approprié que bon nombre d'entre elles cherchent leur argumentation dans des textes antérieurs qu'on retrouve dans l'anthologie. Il serait faux de prétendre qu'aujourd'hui tous les textes possèdent le même intérêt. Celui de Lukács, par exemple, contient quelques formules toujours aussi brillantes, mais il a, somme toute, beaucoup vieilli. Quant à celui d'Adorno, axé davantage sur l'essai en philosophie, il reste une des meilleures critiques de l'article de Lukács, fondateur de la critique essayistique. Voilà sans doute pourquoi R. Lane Kauffmann, contrairement à la plupart des chercheurs francophones, s'inspire beaucoup d'Adorno et délaisse le côté littéraire de l'essai pour insister sur sa position d'entre-deux, entre la philosophie et la littérature. Pour Kauffmann, « l'essai demeure la forme d'écriture la plus propice à la recherche interdisciplinaire dans les sciences humaines ». Cette conception de l'essai n'est cependant pas partagée dans l'ensemble des autres analyses de l'ouvrage.

Un des problèmes relatifs à l'anthologie est celui de devoir sortir de son ensemble (le livre) un chapitre singulier et de montrer qu'il conserve toute sa pertinence. En ce sens, c'est une épreuve que passe très bien le texte de Jean Terrasse, « L'essai et le pouvoir des mythes », tiré de La rhétorique de l'essai (1977), un ouvrage méconnu qui méritait clairement une relecture. L'auteur propose des distinctions fort justes, notamment celle entre cognition et connaissance, peut-être capitale pour comprendre l'essai. En revanche, la typologie qu'il propose à la fin du chapitre est lourde et difficile à utiliser. Voilà sans doute pourquoi elle n'a jamais réussi à s'imposer. À l'opposé, l'ouvrage de Marc Angenot, La parole pamphlétaire, a été beaucoup lu et commenté. Si l'ensemble est une remarquable étude des discours dits « doxologiques », le chapitre consacré à l'essai qui est reproduit s'avère d'une importance plus limitée. Il faut dire qu'Angenot traite de l'essai en passant, qu'il l'évacue même assez rapidement. Cela dit, il faut reconnaître l'utilité des distinctions qu'il établit entre le pamphlet et l'essai, puis entre l'essai cognitif et l...

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