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Reviewed by:
  • Plume Latraverse masqué / démasqué
  • Maurice Lamothe (bio)
Mario Leduc, Plume Latraverse masqué / démasqué Montréal, Triptyque, 226 p.

L'ouvrage de Mario Leduc n'a rien d'une biographie à l'eau de rose, rien de celle qui, justement, prétend démasquer tout en alimentant l'image, au mieux le mythe. Plume méritait mieux nous dit l'auteur à la recherche d'un contenu dont l'analyse devra révéler un sens sérieux que l'oralité fugace aurait laissé échapper.

Ce n'est pas la première fois que l'on prend Plume au sérieux. Un mémoire de maîtrise lui a déjà été consacré à l'Université Laval. Mais le sérieux, malgré les tentatives multiples de l'artiste, explique Leduc, serait indissociable de l'humour : le plus sérieusement du monde, Plume lui-même a toujours alimenté la presse d'un discours sur sa nature essentiellement double d'où découlerait sa personnalité artistique. Plume serait sérieux dans le mesure où l'analyse que l'auteur propose arriverait à déceler une intention dont l'indice premier serait la cohésion de la pensée. [End Page 162]

Or, ce que l'auteur a trouvé, c'est moins le sérieux de l'humour que sa sincérité. Dans les faits, la démonstration de Leduc prouve que, chez Plume, il n'y a guère de distinction entre le spectacle et la « vraie vie ». C'est bien le sens qu'il faut accorder à la citation de Pierre Foglia que l'auteur considère comme celui qui a le mieux cerné l'artiste : « Plume rotera une dernière fois sur scène, à la suite de quoi il ôtera définitivement son masque. Le vrai Plume apparaîtra alors et, coup classique, il aura trait pour trait la même tête que... son masque ».

Ni devant ni derrière, il y aurait donc une relation d'identité entre Michel Latraverse et Plume Latraverse (son nom de plume). Pourtant, à de multiples occasions, Plume aurait pu laisser tomber son nom d'artiste, explique l'auteur, en particulier lorsque, dans une ultime tentative pour être pris au sérieux, celui-ci tenta une incursion dans le roman. Or l'humour de Latraverse comportait les mêmes ingrédients que ceux que l'on retrouve dans le profil chansonnier : l'ambiguïté, la bipolarité, un pattern récurrent que l'auteur décèle facilement chez l'artiste.

La preuve du sérieux de l'artiste ne peut s'en remettre qu'au témoignage de la presse. Leduc a donc recours à des ouvrages théoriques sur l'humour et le carnavalesque, lesquels s'inspirent essentiellement de Bakhtine.

Il est clair que cet ouvrage a permis de démontrer, et cela hors de tout doute, l'efficacité de l'approche du carnavalesque dans l'étude de l'œuvre de Plume. Tout sérieux qu'il soit cependant, si le travail de Leduc a permis de mettre en lumière une certaine complexité chez Plume, c'est davantage l'ambiguïté et la sincérité du personnage qui a été démontrée que le sérieux d'un contenu qui nous échappe. Plume demeure un phénomène important et représentatif d'une époque somme toute sérieuse, soit celle très politisée des années 1970. La dérision, voire le nihilisme, s'imposait comme un créneau peu exploité. La contribution de Plume à la vague d'humoristes que connaît le Québec d'aujourd'hui demeure à démontrer. C'est peut-être là que se trouve le pionnier, de toute évidence suffisamment sérieux pour ne pas abandonner ce nom de Plume si patiemment édifié.

Maurice Lamothe

Maurice Lamothe, Université Sainte-Anne

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