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  • Les mémoires de Pierre de Sales Laterrières suivi de Correspondances
  • David M. Hayne (bio)
Pierre de Sales Laterrière, Les mémoires de Pierre de Sales Laterrières suivi de Correspondances. Édition commentée par Bernard Andrès Montréal, Triptyque, 320 p.

Le professeur Bernard Andrès, qui nous avait donné en 2000 une biographie romancée de l'énigmatique Pierre de Sales Laterrière, revient à la charge en 2003 en nous offrant une édition populaire des Mémoires et de quelques lettres de ce « premier mémorialiste canadien ».

Dans une « préface » qui est en réalité une introduction, l'éditeur nous résume l'état actuel des connaissances sur Laterrière et pose le problème de la genèse et de la diffusion des Mémoires. Né en 1743 ou en 1747 près d'Albi dans le Languedoc, Pierre de Sales Laterrière, dont le nom même, les origines familiales et la biographie continuent à fournir des sujets de controverse, prétend avoir fait des études à Toulouse et un apprentissage de médecine à Paris avant d'arriver au Canada en 1766. Il devient clerc du négociant Alexandre Dumas, puis représentant à Québec des Forges du Saint-Maurice, dont il est nommé directeur en 1776. Il s'éprend de Marie-Catherine Delezenne, fille d'un orfèvre, que la famille marie de force à un rival plus âgé. Soupçonné de sympathies américaines, Laterrière est jeté en prison (1779-1782) par le gouverneur Haldimand; ses codétenus s'appellent Fleury Mesplet et Valentin Jautard. En 1788, un nouveau décret l'ayant obligé à produire un diplôme de médecin, il s'en va à Boston, où il obtient en neuf mois un parchemin de l'Université Harvard qui légitime ses activités de médecin. Marié enfin en 1799 à Marie-Catherine Delezenne, qui lui avait déjà donné une fille et deux fils qui allaient devenir médecins à leur tour, il décide vers 1812 de rédiger ses mémoires. Il mourra à Québec en juin 1815.

Le manuscrit des Mémoires, aujourd'hui perdu, existait toujours en 1870, lorsque l'abbé Henri-Raymond Casgrain l'a examiné aux Éboulements chez son ami de longue date, Marc-Pascal de Sales Laterrière, fils du mémorialiste et propriétaire de la seigneurie. Une copie presque complète, faite entre 1855 et 1857 par le petit-fils de Pierre de Sales Laterrière, circulait aussi dans la famille. Casgrain s'inspira du manuscrit original pour rédiger vers 1870 son opuscule La famille de Sales Laterrière et il recruta son collaborateur fidèle Alfred Garneau pour transcrire le manuscrit en vue d'une édition annotée, laquelle parut en 1873, avec de nombreuses modifications apportées par Casgrain, Benjamin Sulte et d'autres. La véracité de Laterrière dans ses Mémoires a été souvent mise en question, notamment par Ægidius Fauteux et Gérard Malchelosse. Bernard Andrès défend son auteur contre les attaques, mais sans lui pardonner toutes ses contradictions et inventions.

En l'absence du manuscrit original, cette édition destinée au grand public reprend la version de 1873; elle reproduit et corrige les notes d'Alfred Garneau, et y ajoute de nouvelles notes basées sur les recherches [End Page 107] que l'éditeur et son associé René Beaudoin ont faites au Canada et en France. La partie « Correspondances » reproduit douze lettres, surtout des pétitions, écrites par Laterrière pendant son emprisonnement.

L'ouvrage est complété par une chronologie de la vie de Laterrière et par une liste de sources manuscrites et imprimées. L'index onomastique, préparé en collaboration, laisse pourtant à désirer : beaucoup de noms y paraissent sans prénom, et une soixantaine de noms qui figurent dans le texte des Mémoires manquent à l'index.

David M. Hayne

David M. Hayne, Département d’études françaises, Université de Toronto

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