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sciences humaines 127 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 foyer collectif, convergeant vers le Saint-Laurent +. Qu=on le veuille on non, si le Québec éternue, la francophonie nord-américaine se tape une pneumonie. (MARCEL OLSCAMP) François Ouellet et François Paré, Traversées. Lettres Ottawa, Le Nordir, 2000, 179 p., 20$ Intéressantes traversées que ces échanges épistolaires entre François Ouellet et François Paré, dont l=amitié remonte peut-être à leur intérêt commun pour la littérature franco-ontarienne. Bien que l=épistolaire soit par essence un genre du fragment, favorisant l=hybride, la correspondace de Paré et Ouellet me semble à la fois ancrée dans la tradition et refléter le flou des genres par sa fusion du quotidien et du littéraire. L=ensemble demeure fascinant de par la variété des sujets et des auteurs abordés, et touchant lorsque la vulnérabilité affleure. L=attrait des écritures n=est pas étrangère à cette fascination qu=elles exercent : * La traversée est houleuse : au lieu d=accoster au quai de la mémoire, comme chez Ferron, restent Ales ponts brûlés de l=amnésie@ (Michel Dallaire) +, écrit par exemple Ouellet. Les interrogations de Ouellet sur le Père colorent toutes ses réflexions sur la littérature d=expression française (hexagonale, québécoise, francoontarienne ); ainsi dira-t-il : * La modernité naît ainsi avec la mort de Dieu, le déclin du Père au profit de l=individualisme [...], et c=est pourquoi le roman moderne s=écrit du point de vue du fils [...]. Au Québec, la littérature moderne, structurellement complexe, polysémique, naît exactement de la structure sociale largement cléricale. Et c=est dans ce contexte que s=est formée une conscience franco-ontarienne +. Bien que ses réflexions fassent état de préoccupations fort différentes, il rejoint Paré en ce qu=il s=intéresse aux conditions d=émergence des littératures de l=exiguïté : * La chute du discours patriarcal entraîne la légitimation de toutes les revendications Amineures@ +, affirme-t-il encore. L=approche de Paré me semble associer volontairement sensibilité et intellect. C=est ce qui donne à sa réflexion sa richesse et lui permet d=effectuer naturellement le difficile passage du personnel à l=universel particulier au genre épistolaire. Il dira par exemple : * Il n=y a pas de plus grande joie pour moi que d=être compris par l=autre dans sa langue [...] la langue de l=autre, si difficile au premier abord car elle nous humilie jusqu=au plus profond de notre être. Paré a l=art de la formule. Il saisit en une phrase autant la vérité d=une œuvre (* Le refus de la violence économique par laquelle le sujet moderne est convié, puis asservi, est central à toute l=œuvre de Poulin +) que l=envers des choses (* Pour moi, c=est cela qui a été le plus dur depuis ces six derniers jours dans le Sud ontarien (et en fait ces dernières vingt années) : c=est cette entrée insidieuse dans une société sans récit, ravagée par la solitude, et qui persiste, malgré l=ennui palpable, à 128 lettres canadiennes 2001 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 feindre le détachement +). On ne s=étonnera pas que les littératures de l=exiguïté reviennent comme un leitmotif. Ainsi, réfléchissant sur le Discours antillais d=Édouard Glissant, Paré s=interroge sur la possibilité * qu=il nous manque, à nous en Amérique du Nord, une autorité morale qui viendrait paradoxalement d=une plus profonde dépossession culturelle et économique +. Ou il loue le dernier ouvrage d=Anne Gilbert, géographe, qui postule que la dispersion géographique des communautés francophones en Amérique en fait l=originalité, qu=elle en assure le renouvellement. Toujours, chez Paré, cette étonnante capacité de réviser en un tournemain les idées reçues : * On a souvent lu Aquin comme si une telle osmose entre la conscience et la communauté allait de soi, mais en fait...

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