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148 LETTRES CANADIENNES 1997 elle exclut ainsi toute interpretation issue par exemple des methodes de la sociologie de la litterature ou de l'usage des chronotropes de Mikhai:l Bakhtine, interpretations qui auraientprofondement enrichi la comprehension du texte des Recollets. Certes, etant donne la teneur de l'exercice, Les freres insoumis... a les merites de depoussierer un pan meconnu de l'histoire de la NouvelleFrance et de faire connaitre davantage certains aspects de Ia vie religieuse en colonie. Cependant pour une comprehension plus fine de ces aspects, le lecteur devra attendre la publication d'autres recherches historiques. (MARTIN PAQUET) De France en Nottvelle-France. Societe fonda trice et societe nouvelle, s.la dir. de Hubert Watelet, avec la collaboration de Cornelius J. Jaenen Ottawa, Presses de l'Universite d'Ottawa, coli. Actexpress, 1994, 300 p., 30$ Eleve de Roland Mousnier, l'historienJean-Claude Dube est surtout connu pour ses travaux sur les elites coloniales de la Nouvelle-France, dans lesquels il renouvelle les approches prosopographiques pour degager une veritable histoire sociale de ce corps d'elite. En 1989, au moment oil il accede au poste de professeur emerite a l'Universite d'Ottawa, ses collt~gues, anciens etudiants et amis de part et d'autre de !'Atlantique organisent un colloque en son honneur, sur le theme « Ancienne FranceNouvelle -France». Publies avec un retard certain, les actes tires de ce colloque nous sont done presentes sous la forme d'unfestschrift, De France en Nouvelle-France. Societe fondatrice et societe nouvelle, collectif dirige par Hubert Watelet avec la collaboration de Cornelius J. Jaenen. D'emblee, l'ouvrage se conforme aux canons du recueil de textes, avec les qualites et les defauts inherents au genre. Si le lecteur peut etre sensible a !'expression des temoignages d'amitie et a la richesse heuristique de certains textes, il note neanmoins !'inevitable eclatement de !'ensemble qui, se]on les propos liminaires de Watelet, correspond « acette largeur de vue» de Jean-Claude Dube. Certes, la polyvalence de l'historien justifie la dispersion des champs d'interet, qui renvoient al'histoire de la famille et de l'enfance, aux perspectives econorniques et politiques, ala production et la diffusion du livre, ainsi qu'a l'univers culture! de la croyance. La nature meme des textes, relevant de la reflexion historiographique (Denise Lemieux, John F. Bosher), du programme de recherche Oacques Gelis), de l'analyse iconographique (Marie-Helene Froschle-Chopard) et de 1'etude de cas socio-historiques (Elizabeth Rapley, Brigitte Caulier, Nicole Dyonet, Benoit Gamet S. Dale Standen) ou biographiques (Madeleine Foisil, Romeo Arbour), accentue cette impression d'eclatement. Cependant, pour donner plus de liant a un tout heteroclite, }'introduction aurait du inh~grer davantage les differentes contributions auteur d'un tronc commun, en SCIENCES HUMAINES 149 depassant les simples references a1'CEuvre de Dube. La dyade des societes fondatrice et nouvellef annoncee en sous-titre de 1'ouvrage, offre d'ailleurs le pretexte pour ce faire, en determinant les aspects caracteristiques de ces deux mondes, leurs convergences et leurs divergences, leurs dimensions interrelationnelles. Las! Grace asa grande sapience, le lecteur devra luimeme se plier aux exercices de definition et d'analyse comparative, puisque !'introduction semble prendre pour acquise la detention intrinseque de ces deux notions relativement vagues. Par leur excellence et la portee de leur thematique, quelques textes d'historiens canadien, fran<;ais et quebecois se detachent nettement de 1'ouvrage. Ouvrant la marche, les deux etudes sur l'histoire de la famille font partie de ce lot. En tentant « d'eclairer les causes profondes des mutations intervenues en France ala fin du XVIIIe siecle dans les attitudes devant la vie», le programme de Jacques Celis veut elargir le champ d'investigation de l'histoire de la famille en la pla~ant dans une perspective anthropologique. Prenant comme point dfappui l'image et la realite de l'enfance au moment de la Revolution fran<;aise, Celis identifie tout un discours populationniste dans lequell'enfant devient une valeur. Aussi, la Revolution oriente un nouveau regard sur l'enfant, favorisant plutot les liens sociaux, le merite, que les liens du sang, le lignage. Trace par Denise Lemieux, le remarquable bilan sur l'histoire de la famille en NouvelleFrance ne veut pas reduire le fonctionnement des rapports de parent€ aux seuls inten~ts economiques, selon la sterile scolastique economiste d'un Gary Becker, ou aux echanges patrimoniaux,aIa maniere structurante dI till Claude Levi-Strauss. Au contraire, dans la foulee microhistorique du Pouvoirau village de Giovanni Levi, Lemieux cherche d'abord a<< decrire les relations de reciprocite dont les dimensions affectives se devinent parfois » atravers les strategies matrimoniales, migratoires et de transmission des heritages. Temoignant toujours de sa profonde connaissance de la conceptualisation socio-anthropologique et de l'historiographie, elle evoque ensuite des pratiques et des attitudes al'endroit de l'enfant. En puisant dans nn cursus documentaire surtout ideologique et litteraire, Lemieux place le cadre de la vie familiale et ses personnages, puis s'interesse aux croyances, aux systemes de soins et aux representations de l'enfance. Sans aucun doute, la contribution de Denise Lemieux constitue un apport majeur, non seulement au recueiL rnais a }'ensemble de la production scientifique quebecoise sur l'histoire de la famille. Deux autres etudes, celles de Benoit Garnot et de John F. Bosher, se rattachent au peloton de tete. Historien de IaFrance du xvrne siecle, Garnot adopte comme objet d'etude le theme de la violence quotidienne au village. Il ceme clairement les enjeux de cette forme de sociabilite communautaire, deviante au regard des membres des elites. Puis, il retrace les origines des comportements verbaux etphysiques touchant aux conflits d'honneur, aux rivalites d'interet et aux desaccords familiaux. Enfin, il s'interesse aux 150 LETTRES CANADIENNES 1997 reponses de la communaute, qu'elles renvoient a la tolerance ou a la prohibition de la violence. Ce faisant, Gamet avance la notion feconde de l'infrajudiciaire, selon laquelle les victimes de la violence ont recours ades mecanismes judiciaires de mediation et de resolution des conflits endogenes ala communaute, plut6t que ceux exogenes des institutions royales et etatiques. Quant ala contribution de Bosher, elle questionne le concept explicatif du mercantilisme, souvent employe a tort pour qualifier les mesures economiques du ministre ala Marine de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert. Dans un survol historiographique rondement mene, parfois avec morgue, Bosher recuse la comparaison entre un soi-disant mercantilisme pratique en France et celui de l'Angleterre marchande et noble des xvne et xvrne siecles, comparaison des politiques qui n'a cure de leurs sens et de leurs contextes differents. Puis, il s'attache a la genealogie du concepC soulignant ses emplois contradictoires des ses origines avec les physiocrates Fran<;ois Quesnay et le marquis de Mirabeau, jusqu'aux historiens economistes du xxe siecle, dont Elie Heckscher, Herbert Heaton, Charles Wilson et Lawrence Stone. Le texte conclut al'invalidite des concepts du mercantilisme et du systeme mercantile pour les etudes historiques modernes, sinon dans le cadre plus restreint de l'histoire des theories economiques obsoletes. En elargissant la portee du verdict de Bosher, plusieurs recherches historiques auraient ainsi profit aremettre en cause nombre de topof repetes mecaniquement, sans souci de leur contexte de production. Bien sur, De France en Nouvelle-France... ne se limite pas aces quatre erudes. Parmi les autres travaux, notons l'honnete analyse d'Elizabeth Rapley sur les couvents franc;ais des xviie et xvxne siecles. Neanmoins, il se degage de la lecture de ce festschrift une sensation persistante d'inacheve, d'inaccomplissement. Celie d'un collage de textes parfois enrichissants et stimulants, parfois plats ou inegaux, auquel il manque une ligne directrice, si ce n'est le tribut d'hommages rendu aJean-Claude Dube. Telle est sa force premiere, mais aussi sa grande faiblesse. (MARTIN PAQUET) Remi Savard, L'Algonquin Tessouat et la fondation de Montreal. Diplomatie franco-indienne en Nouvelle-France Montreat l'Hexagone, coll. Essais, 1996, 236 p., 19,95$ Renee Dupuis, Tribus, peuples et nations. Les nouveaux enjeux des revendications autochtones au Canada Montreal, Boreal, 170 p. S'il est une question dans les espaces politiques canadien et quebecois qui charrie son lot de prejuges, de meconnaissances et d'incomprehensions mutuelles, c'est bien la question autochtone. Obsedes par nne pensee de ...

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