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312 LETTERS IN CANADA 1994 qu'll explique, visant toujours a la plus vive clarte possible. La plupart du temps, lliaisse aux mots leur polyvalence, aux messages leur ambiguYte. Mais il a tendance a reserver aux notes de la fin des chapitres les donnees relatives a l'experience du reel ou a l'histoire, cornrne si Ie cornmentaire d'un texte poetique ne pouvait etre qu'idealiste. Et pourquoi tant de periphrases a fonction d'euphernismes? Des variantes attestent que Grandbois abrite les propos les plus crus sous un voile de mysticite, selon un processus redactionnel elementaire d'obscurcissement et d'amplification qui vise a donner Ie change. Les tenants de la generation magique celle qui succede a la generation lyrique de Fran~ois Ricard - tiendraient sans doute pour une lecture mythifiante, en conforrnite avec la deficience actuelle de l'intelligence qui donne a voir un «temple solaire» dans un tombeau lunaire et une «verite supreme» dans une tromperie banale. Yves Bolduc resiste a ces seductions, et c'est avec ponderation qu'il joue de l'intertextualite mythique ou biblique. Grace aDieu, il n'entonne pas Ie couplet cliche de la divinisation de l'etre humain; tout au plus semblet -il d'accord. avec Simone Vierne qui pretend, dans un texte cite p. 197, .que Ie rite initiatique amene Ie sujet a «dominer la Mort», quand plutot ill'aliene et l'asservit a la volonte d'autrui. Tout compte fait, l'essai d'Yves Bolduc conclut avec eclat la belle trilogie hexagonale consacree a l'etude de la vie et de l'ceuvre d'Alain Grandbois. (JACQUES BLAIS) Yvon Malette, L'autoportrait mythique de Gabrielle Roy: analyse genettienne de «La montagne secrete» de Gabrielle Roy Orleans (Ontario), Editions David, 292 p. Franco-Ontarien, professeur de grammaire et de litterature, auteur d'une grammaire, Yvon Malette a tousles atouts d'un chercheur methodique et consciencieux. Le present ouvrage a cornme but d'analyser un roman de Gabrielle Roy selon une methode rigoureuse, pour «faire ainsi la preuve scientifique de ce que La montagne secrete est un authentique roman», selon les propos d'Yvon Malette. A cette fin, il se sert des theories de Gerard Genette exposees d'abord dans Figures III, puis dans Nouveau discours du recit. Son examen du discours narratif a recours aux categories genettiennes de temps (duree, ordre et frequence) de modeet de voix. En effet, l'auteur adhere assez fidelement a la sequence l'elements presentes dans Figures III. Dans la preface, Rejean Robidoux parle de l'attachement«opiniatre» de l'auteur a sa methode genettienne, et de son desir de « demontrer la valeur litferaire du roman par des moyens cranement scientifiques ». En effet, loin de dissimuler les evidences de sa methode, Yvon Malette met en valeur sa nomenclature en soulignant litteralement, par l'italique, les principaux concepts operatoires. HUMANITIES 313 L'ceuvre se divise en cinq chapitres. Dans Ie premier, l'auteur etudie l'ellipse, la pause, Ie sommaire et la scene pour leurs effets sur la duree du recit. On ne peut qu'etre frappe par 1'etude detaillee faite par Yvon Malette. Non seulement a-t-il compte Ie nombre de pages OU chaque sorte de mouvement narratif est mise en evidence, mais il a fait aussi de nombreux calculs pour pouvoir constater que, par exemple, il y a 26 sommaires , soit a peu pres 12 pages pour environ 176 pages, ou 6,81 pour cent du texte. Un schema de chapitres, pages et durees relatives faciliterait cependant l'appreciation de la tache et rendrait la lecture moins«mathematique ». Le deuxieme chapitre traite de l'ordre, et Yvon Malette remarque la frequence elevee de segments analeptiques dans la derniere partie du roman, segments qui «eclaire[nt] la fa~on de creer, de reussir 1'acte artistique . » Dans Ie chapitre sur la frequence narrative, Malette etudie des segments iteratifs selon leur champ de fonction. Sa conclusion, plutot anodine, est que l'iteration contribue au deroulement et a la signification de l'histoire, en precisant divers aspects essentiels de la demarche du heros. Le quatrieme chapitre, qui traite du mode, se divise entre Ie recit d'evenements (diegetique) et Ie recit de paroles (mimetique). L'auteur...

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