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ESTHER TREPANIER Entre la litterature et la peinture, la montagne: l'ecart entre les representations lith~raires de Montreal et la peinture d'Adrien Hebert* Le rapport a Ia ville rnodeme chez les peintres canadiens-franc;ais ressemble assez acelui que I'on trouve chez les poetes et les romanciers. 11 est marque des memes ambigultes, des memes ambivalences quand ce n'est pas de 1a meme 'negation' qui conduit plusieurs artistes, vivant pourtant a Montreal, a se consacrer principalement a l'illustration du terroir. Certes, on trouve un certain nombre de representations du VieuxMontreal et des monuments architecluraux (detruits ou en passe de l'etre) de l'epoque glorieuse de Ville-Marie. L'ceuvre de Georges Delfosse (1869-1939) est ace titre exemplaire. Mais ce type d'appropriation d'un espace urbain qui appartient al'histoire revolue de la ville franc;aise est en parfaite congruence avec l'ideologie nationale qui nourrit la complexite du rapport imaginaire ala ville. I1 faudra attendre les annees vingt pour trouver un peintre qui fasse du Montreal contemporain Ie theme principal de sa production. II s'agit d'Adrien Hebert (1890-1967) qui est d'ailleurs une figure d'exception chez les peintres francophones pour son parti-pris en faveur d'une representation de la ville moderne1 • Le champ des arts visuels etait travaille par les memes enjeux ideologiques et nationaux que Ie champ litteraire pour lequel la constitution d'un 'Montreal imaginaire' n'allait pas de soi, comme en temoignent les essais des auteurs de l'ouvrage auquel j'emprunte cette expression2 • Leurs analyses demontrent que si on trouve avant la Deuxieme Guerre mondiale un certain nombre d'I- L'idee de ce texte m'est venue alors que je travaillais aIa redaction d'un texte et de notices pour Ie catalogue de l'exposition retrospective AdrielI Hebert qui s'est tenue au Musee du Quebec en 1993. Alors que j'etudiais un tableau intitule La Montagne (v. 1937-9) pour lequel je devais ecrire une notice, il me revint en memoire des scenes du roman de Roger Viau Au milieu, In montagne (1951) et d'autres du roman de Gabrielle Roy, Bonheur d'occasion (1945), deux ceuvres qui etaient etudiees par mon collegue et ami Ben-Zion Shek dans Social Realism ill tlze French-Canadian Novel (Montreal: Harvest House 1977). Le present texte qui a comme point de depart cette notice, ne doit pas etre lu comme une etude exhaustive rnais comme une reflexion qui tout au plus tente de soulever quelques points de convergence mais aussi de divergence entre deux modes de construction d'un 'Montreal imaginaire,' celui de la litterature et celui de la peinture, plus particulierement de l'ceuvre du peintre montrealais Adrien Hebert. 1 Evidemment, il faudrait aussi evoquer Ie travail de Marc-Aurele Fortin, uri. ami d'Adrien Hebert, qui realise egalement nombres d'reuvres ayant pour theme Montreal. Cependant, sa representation de Ia ville moderne differe totalement de celIe d'Adrien Hebert. Alors que ce dernier place toujours I'CEil du peintre au cceur de la ville moderne et organise la surface peinte apartir des motifs de l'architecture industrielle, ou du reseau lineaire des rues, des el€~ments des transatlantiques, etc, Fortin, lui, choisH toujours un lieu hors de Ia ville it partir duquel ilIa peint: l'ne Sainte-Helene, les buttes d'Hochelaga et Ie Mont-Royal, etc. Sa composition s'ordonne apartir de motifs naturels (ciet arbres, terres cultivees, nuages, etc), qui enchassent litteralement La ville et n'est pas sans induire une certaine negation de son developpement. Voir it ce propos mon article 'L'espace urbain et l'ambigui"te ideoIogique des Canadiens franc;ais, Adrien Hebert et Marc-Aurele Fortin,' dans Vie des arts no 147 (1992), 8-13. 2 Montreal imaginaire, Ville et litteralure, sous la direction de Pierre Nepveu et Gilles Marcotte (Montreal: Fides 1992). 3 Voir Gilles Marcotte, 'Mystere de Montreal: Ia ville dans Ie roman populaire au' XIX siec1e' et Pierre Popovic, 'Le mauvais flaneur, la gourgandine et Ie dilettante, Montreal dans la prose narrative aux abords du "grand tournant" de 1934-1936,' dans Montreal imaginaire, 97-148 et 211-78. 4 Michel Biron, 'La romance...

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