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200 LETTERS IN CANADA 1988 Gabrielle Roy. Ma chere petite soeur: Lettres aBernadette, 1943-1970 Editions du Boreal. 261. $17.95 broche 'Tout au long de sa vie d'ecrivain, Gabrielle Roy a entretenu une correspondance tres abondante, avec ses amis, avec bon nombre de ses lecteurs, et surtout avec les membres de sa famille,' dit-on sur Ie plat inferieur de la couverture. On Ie croit volontiers alire Ma chere petite soeur, ou l'on trouve non seulement les 1371ettres (Ie presentateur, Fran<.;ois Ricard, parle, lui, de 138) de Gabrielle Roy a sa soeur Bernadette, de douze ans son ainee, religieuse enseignante dans la congregation des soeurs des Saints Noms de Jesus et Marie, mais encore de fort nombreuses indications sur ces relations epistolaires. La correspondance fait surtout etat de deux sujets dont les recurrences sont particulierement visibles: les inquietudes, petites ou grandes, et les bonheurs, 'd'occasion' ou durables, de la vie de tous les jours. Gabrielle Roy, en effet, se montre tres attentive asa soeur Clemence, dont l'etat d"incurie lamentable' voire de 'neurasthenie' et de 'debilite,' lui cause les plus grands soucis. Peu de lettres ne font pas reference acet ~tre aime. On y trouve aussi Adele, une autre soeur, avec qui cette fois Gabrielle eut toute sa vie une relation pour Ie moins diffici1e. Sa rancune tenace ne desarme pas un seul instant et prend meme en 1968 et 1969 une desolante ampleur. Cette 'animosite,' explique Ricard, remonterait au milieu des annees cinquante alors que, venant de publier LePain de chez nous: Histoired'unefamille manitobaine (Montreal, Editions du Levrier 1954), [Adele] se sentit Iesee par Ie fait que Gabrielle, des l'annee suivante, publiait Rue Deschambault, dont la matiere etait egalement empruntee a l'histoire familiale. (note 1 de la lettre du 18 octobre 1968) On connait de fait Ie succes de Rue Deschambault, qui fera 'carriere dans les ecoles.' Cette relation conflictuelle atteint son point culminant lorsqu'Adele, qui est paradoxalement la marraine de Gabrielle, depose aux archives d'une universite dont on prend soin de taire Ie nom un manuscrit dont aucun editeur n'a voulu et dont il semble qu'il soit un 'requisitoire contre moi,' voire 'une vengeance longuement preparee,' comme Ie soutient la correspondante. Si I'autre soeur, Anna, prend aussi assez regulierement place dans les preoccupations de I'epistoliere, c'est bien sur Bernadette qui re<.;oit Ie plus d'attention de sa part; comme confidente, conseillere, arnie, consolatrice et intermediaire dans toutes sortes de situations. Gabrielle l'incite sans cesse par surcroit au repos et ala moderation dans Ie travail, sans que cela ait, semble-t-il, Ie moindre effet. En outre, c'est surtout a elle qU'elle envoie des montants d'argent (parfois tres substantiels: v.g. . $1,000.00, en 1948), destines surtout ala pension de Clemence, puis aux HUMANITIES 201 bonnes oeuvres, de meme qu'a des cadeaux de mariage ou a ses menus besoins. La generosite materielle de Gabrielle s'accompagne d'une~ indefectible affection pour cette grande soeur qu'elle aura vue somme toute peu dans sa vie. L'auteure lui dit aussi ses ennuis de sante, 'detestables plutot que graves.' A cote de ces problemes, il y a heureusement les bonheurs d'occasion et Ies grandes joies de l'existence. II faut surtout remarquer a ce chapitre la profondeuro du bien-etre que procure aux correspondantes Ie contact regulier avec la nature. Chez Bernadette, ce sont surtout les vacances annuelles sur les bords du lac Winnipeg qui lui assurent des forces nouvelles pour I'annee a venir. Pour Gabrielle, il s'agit d'abord des mois d'ete a Petite-Riviere-Saint-Fran~ois, oil elle possede une maison depuis 1955 (note 2 de la lettre du 2 octobre 1957) et qu'elle decrit comme 'l'un des plus jolis paysages du monde.' Le sejour de Bernadette et de Clemence venues y passer quelques semaines a I'ete de 1965, a l'invitation et aux frais de Gabrielle, restera un souvenir indelebile: les allusions aces 'heures magiques' seront particulierement frequentes par la suite. Ce sont encore ses nombreux voyages qui vaudront a l'auteure des satisfactions intenses, de meme que les bonnes nouvelles re~ues de ses proches et de ses amis, bien plus que les honneurs ou les succes de librairie, qui n'alterent jamais sa mode~tie ni sa simplicite. A lire ces lettres, on ne croirait jamais par exemple que Gabrielle Roy a ete l'auteur tant celebre (et prime) de Bonheur d'occasion; meme Ie titre de cette oeuvre majeure n'est jamais cite. Preoccupations et joies quotidiennes, voila donc Ie tissu serre dont est confectionnee cette correspondance, de sorte que se trouve motive Ie rapprochement suggere par I'editeur avec La Detresse et l'enchantement, dont Ma chere petite soeur est presente comme 'une sorte de complement' (plat inferieur de la couverture). Les accents lyriques des lettres de Gabrielle a Bernadette traduisent sa profonde humanite, sa grande ouverture au monde, son amour passionne de la creation, sa foi religieuse indestructible et son attachement total a des valeurs moins ephemeres que la reconnaissance publique ou Ie vedettariat. Et Ie tout sans jamais tomber dans la mievrerie ou la sensibilite facile, ni dans l'apitoiement narcissique. Au contraire, une maturite certaine et sereine devant la vie sourd de cette correspondance dont Ie ton est celui d'une 'ecriture de la compassion,' comme la qualifie Ie presentateur, et qui s'echelonne sur pres de trente ans: depuis Ie lendemain de la mort de la mere, en 1943, jusqu'au deces de Bernadette, en 1970. Mais ce livre possede-t-il pour autant 'une valeur litteraire indiscutable ,' comme Ie dame l'editeur? Sans vouloir amoindrir Ie merite de l'epistoliere, je crois qu'il faut reconnaitre qu'il y a ici surenchere. La compassion, Ia generosite, Ia vibration devant Ia misere ou Ia beaute du monde ne sont pas, que je sache, des qualites 'litteraires.' Unissons, soit, 202 LETTERS IN CANADA 1988 mais ne confondons pas signifiant et signifie, ni contenant et contenu, ni maniere et matiere, ni forme de l'expression et forme du contenu. Ces lettres sont ecrites dans une langue des plus honnetes, rien de moins, mais rien de plus. Et pouvait-il en etre autrement d'ailleurs de la part d'une auteure qui n'ecrivait pas dans un but de publication mais qui n'en etait pas moins rompue au metier d'ecrivain? Une 'ecriture de la compassion' n'est pas forcement une belle ni une neuve ecriture. A la fin, d'ailleurs, quand Gabrielle ecrit une lettre par jour (avril-mai 1970) pour accompagner Bernadette dans les souffrances qu'elle endure sur son lit de mort, force est de peser cette petite phrase: 'J'ai bien de la difficulte a trouver du neuf a te raconter.' Depuis quelque temps deja, en effet, Ie ronron d'une plume non soutenue ni relancee par aucun exercice litteraire special se faisait entendre... . Les 'lettres a Bernadette,' somme toute~ revelent plus une personne, moins un ecrivain, et Ie cote anecdotique (ou biographique, si l'on prefere) y a largement Ie dessus. Mais qu'importe: sans doute ce dernier livre sera-t-il pour plusieurs la porte d'acces a une oeuvre dont Ie public ne cesse heureusement de s'accroitre. (JEAN-GUY HUDON) Paul G. Soeken. Myth and Morality in 'Alexandre Chenevert' by Gabrielle Roy Peter Lang 1.987. European University Studies 88.96. Myth and Morality in 'Alexandre Chenevert' by Gabrielle Roy consists of two chapters which present different but complementary readings of the novel, followed by a number of interesting and well-annotated early writings by Roy which Socken selects in order to demonstrate the genesis and development of Alexandre Chenevert. He includes an interview he conducted with Roy, which also focuses on the genesis of the novel and on her interpretation of the protagonist's character and gives a welcome insight into Roy's creative process. Finally, Socken provides a list of Alexandre Chenevert variants, which adds little to our knowledge of the novel, since the variants seem to be almost exclusively of a minor stylistic nature. Socken offers two· interpretations of the novel - one 'vertical,' one 'horizontal.' The 'vertical' reading examines'Alexandre's revelation, his encounter with a divine presence and a transcendent reality.' The 'horizontal ' reading is intended to be 'an analysis of the text from a humanist viewpoint, primarily taking into account Alexandre's relationship with his fellow man.' However, these two lengthy articles, 'Mythic Dimensions ' arid 'Morality,' do not deliver the 'multiple yet complementary .readings' promised by the author. The terms 'vertical' and 'horizontal'. sound interesting and hint at a new critical method, but they mask, in fact, a traditional critical approach. Socken's cautionary remarks indicate that he is aware of this: 'The humanist preoccupation (in the chapter ...

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