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THEATRE 371 Theatre GILLES GIRARD L'annee theiltrale 1978 fut marquee de fa,on particuliere par Les Fees ont soif et la dramatique Duplessis, deux cas debordant largement les cadres de la fiction. Au sujet des Fees de Denise Boucher, c'est Tevenement censure' par Ie Conseil des Arts de la region metropolitaine de Montreal relativement aune subvention, 1'injonction de la cour touchant la vente du volume (Intermede, 158, $7.95) et la representation de la piece par Ie Theatre du Nouveau Monde, qui ont d'abord retenu l'attention. Cette censure, felix culpa, s'est evidemment revelee la plus rentable operation de mise en marche. L'auteur en est bien conscient qui joint a 1a piece un volumineux dossier de presse lui-meme filtre et tendancieux. Temoignages , articles, editoriaux, conference de presse, telegrammes, caricatures , photos, lettres aux journaux, les opinions se sont bousculees et ont fait les beaux jours du theatre. Tous les gros mots ont fuse, de piece sacrilege acensure fasciste. Sur ce plan les pages des journaux reservees aux lecteurs sont particulierement eloquentes dans cette bagarre ideologique. On ne s'y gene pas, meme si on n'a ni lu la piece ni assiste a la representation, pour emboucher la trompette de !'indignation pour un clan Oll I'autre. Le titre meme de la piece et la citation de La Sorciere de Michelet mise en exergue participent quelque peu de la mise en abyme qui anticipe sur Ie deroulement de la fiction en la devoilant. Ces impertinentes fees evoquees par Michelet, tournant Ie dos au Christ lors de son arrivee et poursuivant leur danse, se verront emprisonnees (amme mesure punitive . Les fees de Denise Boucher auront soif de se delivrerde la prison des stereotypes qU'une oppression male les a obligees d'assumer dans leur etre et leur agir. Trois personnages concretisent ces stereotypes caracterises par des axes qualificatifs maximises et en nombre restreints. Premier prototype, la Statue de la Vierge dans son corps de platre, anesthesit;~e, idealisee, pure, desincamee, vertueuse. Sainte image de la femme soumise, detachee de ces vulgaires contingences que constituent Ie pouvoir, I'engagement sociopolitique, I'argent; champs que I'homme se reserve. Puis, l'image de la mere de famille, Marie, protegee, elIe, c~ntre Ie desir et Ie plaisir, devalorisee ases propres yeux, servante du mad alcoolique et de la maisonnee, elle ne s'appartient pas et carbure au valium. Enfin, Madeleine, la prostituee tous azimuts, toutes categories, toutes saisons, exploitee et meprisee, honteuse et culpabilisee. Violee, elle subira une mascarade de proces qui vehicule tous les cliches males par trop reels. Elle noie sa memoire dans l'akoo!. Les images bibliques de la Vierge et de Marie-Madeleine se superposent: Marie rejoint la Vierge dans sa soumission, son alienation et son corps sans joie; Madeleine 372 LETTERS IN CANADA 1978 equivaut aun double antinomique de la Vierge, une image inversee. Les trois femmes chantent en chceurla chanson d'errance: 'Naus sommes ala recherche de nos corps, de nos cceurs, de nos tetes.' A la recherche d'une parole feminisee aussi ou 'Ia solei!' et 'Ia ciel' changent de sexe. Le trois modeies se recoupent, camme les trois Ie' du titre imprimes dans une couleur distincte, au (amme les trois figures interchangeables de femmes du dessin de la COllverture. C'est aussi l'interpnHation du metteur en scene Jean-Lue Bastien qui pen;oit les personnages camme 'trois archetypes classiques de la vierge.' Intention egalement corroboree par Ie decor signe Marie-Josee Lanoix au les aires sceniques de chacune sont reunies parun immense chapelet. La piece se presente d'ailleurs (omme un monologue eclat€: en trois voix, avec des enchassements de dialogues. Ce texte-spectacle poetique module diversement, avec une emotion contenue ou rageuse, Ie difficile apprentissage de soi de ces femmes qui se decapentde ces images toutes faites et trop commodes 00. une societe apouvoir male les a cloisonnees. Malgre les tentatives de distanciation dans les songs et I'utilisation des lieux neutres du decor, Ie cheminement est essentiellement adominante expressive. Une thematique feministe peu originale sans doute mais empruntant une nouvelJe voix, une autre colere douloureuse, un autre cri qui en renouvelle efficacement I'accent. Les pleonasmes...

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