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SCIENCES HUMAINES 489 Ie «camp ennemi». La performance est assurement devenue une idee (une valeur?) largement repandue parmi les professeurs, en particulier chez les plus jeunes d'entre eux, comme sielle allait de soi. Hebert utilise lui-meme cette rhetorique guerriere, interiorise ce langage de la guerre et Ie poussant jusqu'au bout pour faire ressortir toute I'ironie de son propos: «pour les jeunesprofesseurs, apparemment meilleurs guerriers que les fantassins de cinquante ans ou plus, on demande des combats eclatants, presque surhumains , avec un nombre souvent indecent de prises-publications pour acceder au rang de soldat agrege» .Tout Ie monde reconnaitra qu'il exagere it peine, mais il ne peuts'empecherde tomber legerementdans la caricature quand il affirme que les «jeunes professeurs sont tellement occupes it faire qu'ils peuvent it peine se donner Ie temps de refMchir». La critique it laquelle s'adonne I'auteur est salutaire. Universite guerriere , censure, dictature, novlangue, Troisieme Guerre rnondiale: Hebert ne menage pas ses mots dans sa denonciation de Ia mentalite qui sous-tend Ia vision de I'universite d'aujourd'hui. On peut certes lui reprocher de tomber dans I'exces semantique, mais c'est pour mieux combattre l'usage repandu de ces nouveaux euphemismes, cette fa,on de detourner Ie sens des mots en attenuant leur portee reelle.ll se presente comme un universitaire pessimiste, desabuse He ne crois plus dans la vision de I'universite que I'on me propose, carje la trouve vide d'humanite»), mais qui refuse de baisser les bras, d'abdiquer. Disant ne pas se prendre pour un «ChampoIlion de Ia liberte ou de la verite », Hebert se donne ici un role semblable it celui de Beranger dans Rhinoceros: celui qui ne capitule pas. Le conformisme general nous guetterait tous, mais il serait possible de ne pas sombrero C'est it la fois un constat que fait Pierre Hebert et un cri d'alanne qu'illance, mais il n'offre guere de solution, sinon, encore une fois, de dire NON ala nouvelle dietature ideologique imposee it ces lieux de pensee, de critique et de liberte que sont les universites. Essai polemique, La nouvelle universit€ guerriere ou Ie mythe de Ia caserne est davantage une amorce de reflexion sur un sujet complexe qu'une etude approfondie ; un prolongement it son questionnement est maintenant plus que souhaitable. (PASCAL RIENDEAU) Frontieres de In fiction, s.la dir. d'Alexandre Grefen et Rene Audet Quebec, Nota Bene, Presses universitaires de Bordeaux, 2001,436 p., 27,95$ Qu'est-ce que la fiction? La question semble simple a priori et pour y repondre tout aussi simplement, trop simplement, on l'identifie souvent aux genres litteraires qui I'emploient: roman, nouvelle, prose narrative. On UNIVERSITY OF TORONTO QUARTERLY, VOLUME 73, NUMBER I, WINTER 2003 /4 490 LETTRES CANADIENNES 2002 l'assimile facilement Ii la narrativite, l'excluant ainsi de l'essai ou de la poesie, voire du theatre. On l'apprehende aussi par Ie degre de distance qu'etablit l'ecriture par rapport au reel en la distinguant des discours referentiels comme celuide l'histoire. On la definit encore par la litterature, par son appartenance specifique au domaine litteraire, comme on definit reciproquement la litterature par la fiction, en posant leur implication reciproque, la fiction representant la litterature meme etetant Ie moyen par lequelle langage se fait reuvre d'art. Pour eclairer davantage cette notion qui est plus complexe qu'il n'y parait et qui est au creur de la theorie litteraire actuelle, on a regroupe une vingtaine de specialistes qui en sondent les configurations sous tous les angles. Us reflechissent en profondeur sur la nature de la fiction et sur ses relations avec les genres et les disciplines. Une theoricienne, Marie-Laure Ryan, resume assez bien la problematique quand elle propose trois modeles selon lesquels la frontiere entre discours fictionnel et discours referentiel se con~oit. D'apres un premier modele, il n'y a pas de frontiere entre eux parce que tout discours narratif et representationnel, donc tout discourshistorique, estuneforme de fiction. e est la pOSition heritee de la linguistique structurale qui nie la possibilite pour Ie langage de faire acte de reference Ii un monde exterieurIi lui...

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