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72 lettres canadiennes 2001 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 Malgré ces petites limites, on se prend à souhaiter aux écrivains québécois plus de critiques d=un tel calibre qui savent exploiter les ressources de la théorie littéraire pour creuser une littérature qui mériterait d=être réévaluée dans ses jalons historiques, mieux étudiée dans son ensemble et davantage connue au delà de ses frontières. (GAËTAN BRULOTTE) Lucie Hotte, Romans de la lecture, lecture du roman. L=inscription de la lecture Québec, Nota bene, coll. Littérature(s), 183 p., 21,95$ La lecture, cette rencontre à la fois éminemment singulière et socialement déterminée entre un texte et un lecteur, a fait l=objet d=une variété de discours théoriques. Cependant, une théorie de la lecture sans pan critique pour l=accompagner, donc sans l=étude d=un corpus, devient rapidement stérile. Dans le présent ouvrage, Lucie Hotte se penche sur des romans québécois qui présentent des personnages lecteurs. Comme elle le signale d=emblée, les * œuvres étudiées le sont d=abord et avant tout à titre d=exemples +, donc de prétextes à l=élaboration d=une topologie de l=acte lectural. L=objectif méthodologique de l=auteure est de concilier les études empiriques qui tiennent compte des lecteurs réels et de leurs mandats, et les poétiques de la lecture qui privilégient la façon dont la lecture est programmée par le texte. La souplesse d=une telle position médiane vise à * construire le lien qui manque entre la théorie et les textes, entre les textes et le lecteur +. La première partie de l=ouvrage, intitulée * Lire la lecture +, porte sur les fonctions des personnages lecteurs et les modalités de lecture qui en découlent. Tout d=abord, les lectures des protagonistes peuvent participer de ce que l=auteure appelle la fonction référentielle de la lecture. La caractérisation des personnages s=effectue grâce à l=élaboration, par le lecteur, de réseaux d=éléments récurrents, sémantiquement compatibles, et dont les lectures desdits personnages peuvent faire partie. Ainsi, dans Au pied de la pente douce (Roger Lemelin), Ils posséderont la terre (Robert Charbonneau) et Charles Guérin (P.-J.-O. Chauveau), les lectures des personnages confirment des traits de leur psychologie et de leur appartenance socioculturelle. Lire, c=est donc construire une cohérence en articulant le contexte, c=est-à-dire le rapport entre un fragment textuel et l=ensemble de l=œuvre, et le cotexte, c=est-à-dire le recours à ses propres connaissances encyclopédiques. En second lieu, Hotte se penche sur la fonction intertextuelle de la lecture en effectuant un survol des diverses définitions de l=intertextualité élaborées par Julia Kristeva, Laurent Jenny, Gérard Genette et Michael Riffaterre. Elle conclut, pour sa part, que * l=intertextualité est avant tout un fait de lecture +. Effectivement, c=est bien au lecteur, et au lecteur seul, de tisser les sciences humaines 73 university of toronto quarterly, volume 72, number 1, winter 2002/3 liens entre L=ogre de Grand Remous de Robert Lalonde et * Le Petit Poucet +. Par contre, La mort aux dents de Richard Poulin est un texte dont l=actualisation relève d=une lecture générique plutôt qu=intertextuelle, puisqu=il renvoie à des fabulae propres à un genre (le polar), et non à une œuvre précise. Cela amène Hotte à proposer une définition tout à fait probante de l=intertextualité, selon laquelle le terme désigne strictement * les rapports entre deux textes au niveau de leurs structures narratives + et non * les rapports qu=un texte entretient avec [un] genre littéraire +, ni * les rapports entre un texte littéraire et divers types de discours sociaux +. La lecture est une activité référentielle, intertextuelle, mais aussi spéculaire. Selon cette modalité, le processus interprétatif est déclenché par un fragment intratextuel. Le texte devient alors son propre référent, ce que l=œuvre de Gérard Bessette illustre de façon...

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