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SCIENCES HUMAINES 491 une pleine compréhension du rôle des influences extérieures, aspect sur lequel Lamonde insiste à bon escient dans son analyse des différentes expressions de l=idéologie, comme celles entretenues par les partisans de la monarchie, de la république et de la démocratie, celles des dyades antinomiques du libéralisme et du conservatisme, de l=ultramontanisme et de l=anticléricalisme, sans compter finalement celles des diverses variantes du nationalisme. Dans leur grande remue des idées, les bourgeois canadiens puis canadiens-français se réfèrent volontiers à quatre métropoles culturelles : Rome, la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne. Toutefois, s=ils adoptent et adaptent les institutions culturelles des anglophones (v. p. 135B181) B transfert révélateur de l=incontournable dimension coloniale du Bas-Canada et de la Province de Québec B, c=est bien parce qu=ils les fréquentent quotidiennement, à la fois dans les sphères publique et privée, et qu=ils sont fort au fait de leurs divisions sociales. Encore là, le choix du terrain d=enquête voile en partie les effets de l=étroite connivence de classe, toujours présente et jamais estompée, qui prédomine constamment à cette époque sur les cloisons des clivages ethniques. Traitant toujours du contenu des idées, Lamonde a la main heureuse en donnant à entendre leur voix d=antan. L=Histoire sociale des idées au Québec... puise aux textes originaux avec somptuosité, parfois avec des pointes d=excès baroque. Cette hubris de la source perce particulièrement dans son étude du Bas-Canada et des mouvements internationaux d=émancipation au début du XIX e siècle (p. 183B223) B étude fascinante s=il en est B, mais surtout dans ses deux longs chapitres plutôt descriptifs consacrés aux rébellions de 1837 et 1838 (p. 225B248 et p. 249B279), qui innovent relativement peu au regard des thèses de Jean-Paul Bernard, d=Allan Greer et de Louis-Georges Harvey. Ici, la concision de l=argumentation eut été de rigueur pour une interprétation plus profonde. Lecture agréable, aux jeux de plume élégants et à la narration vive, l=Histoire sociale des idées au Québec... nous offre une synthèse ample et fouillée de l=histoire socioculturelle du Québec de la Cession à la prise du pouvoir par les libéraux de Wilfrid Laurier. S=il est à déplorer certains choix quelque peu rapides, ce livre demeure néanmoins un apport respectable à la connaissance de l=évolution historique du monde des idées au Québec. Portant sur le XX e siècle, le prochain volume de l=ambitieuse entreprise d=Yvan Lamonde suscitera chez le lecteur un intérêt sans aucun doute certain. (MARTIN PÂQUET) Le journal * Le Canadien +. Littérature, espace public et utopie (1836B1845), s. la dir. de Micheline Cambron Montréal, Fides, 1999, 419 p. Fruit d=un travail d=équipe étalé sur huit années et dont Micheline Cambron a assumé la direction, ce livre, consacré à une étude minutieuse et fort bien documentée des formes et des idées utopiques dans Le Canadien, de 1836 à 492 LETTRES CANADIENNES 2000 1845, vise essentiellement à répondre aux questions suivantes : * Comment Le Canadien a-t-il contribué à donner à l=espace public canadien sa configuration ? Comment ses lecteurs ont-ils composé avec les inévitables brouillages entre réalité et fiction que créait la facture littéraire du journal ? Quel rôle a-t-il joué dans l=émergence de l=ethos utopique qui deviendra, selon Fernand Dumont, hégémonique à partir de 1845 ? + Dans une longue et savante introduction de soixante pages, où elle affiche parfois une prédilection qui nous a paru exagérée pour les néologismes , les mots rares... et les mots grecs, Micheline Cambron, s=appuyant sur une lecture très attentive de L=utopie de Thomas More, met tout d=abord en lumière les traits formels et les motifs caractéristiques du récit utopique, ainsi que les conceptions du temps et de l=espace qui lui sont particulières. Ces traits formels...

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