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136 lettres canadiennes 1999 Lori Saint-Martin, Le nom de la mère. Mères, filles et écriture dans la littérature québécoise au féminin Québec, Nota bene, coll. Essais critiques, 331 p. 22$ Dans son livre sur Le nom de la mère, Lori Saint-Martin propose une réflexion sur la maternité qui permettrait de repenser l'ordre symbolique, de transformer les valeurs liées au familial et au féminin et surtout de relire et réécrire les relations mères-filles. La fiction au féminin montre à quel point la relation avec la mère est fondamentale. D'où la nécessité de situer dans un premier temps la maternité dans son contexte social, politique, culturel et éthique. L'histoire de la maternité, l'auteure nous le rappelle, ne peut se dissocier du contrôle socio-culturel des femmes. Entre l'idéologie de la *bonne mère+ et le mythe de la victime, les filles se voient très souvent confinées à une image traditionnelle et réductrice de la maternité qui ne leur permet guère de sortir de l'oppression mise en place par la société patriarcale et entretenue par les mères elles-mêmes. Or, bien souvent réduite au rôle reproducteur encensé par l'idéologie conservatrice, le pouvoir de créativité des femmes, tout autant que le corps maternel, ne s'en trouvent pas moins nié par l'histoire et la culture occidentale. *Le rapport des femmes à leur mère, écrit Saint-Martin, le rapport des femmes entre elles, demeure le grand impensé de la psychanalyse et, plus généralement , de la pensée patriarcale+. C'est donc un travail d'inspiration psychanalytique que l'auteure propose dans son ouvrage, fondé à la fois sur des considérations d'ordre narratologique et sur quelques éléments de la mythocritique. Le retour sur Freud et Lacan passe ici par la théorie féministe, de Adrienne Rich à Christiane Olivier, de Marianne Hirsch à Luce Irigaray, de Nancy Chodorow à Julia Kristeva, etc. L'intérêt de cette grille théorique est précisément de conférer à l'étude une consistance thématique qui permet de lire quelques textes québécois à partir d'une problématique (le rapport mère-fille, l'espace maternel, la gestuelle du corps féminin en gestation) non cernée de façon aussi systématique jusqu'à maintenant. Par ailleurs, ces relectures féministes centrées sur le psychisme mère-fille permettront à leur tour des incursions discursives dans la littérature québécoise contemporaine , d'autant plus qu'elles mettent en scène des représentations qui vont du premier quart à la dernière décennie du XX e siècle. Selon l'auteure, longtemps absente du roman québécois, la mère surgit dans l'imaginaire féminin à partir de Jovette Bernier (La chair décevante) et de Gabrielle Roy, laquelle établira un long dialogue entre mère et fille, de Bonheur d'occasion à La détresse et l'enchantement. Les années 1960 et 1970 annoncent l'émergence de la voix de la mère que les textes des années 1980 exemplifieront. Les écrivaines imaginent et lisent donc les mères sur des modes qui accentuent tantôt la haine, tantôt l'amour; les textes dans tous les cas accusent une quête qui passe par la rébellion, la culpabilité, sciences humaines 137 l'angoisse, la cruauté ou l'indifférence, le meurtre, plus tard une forme de solidarité et de complicité, finalement amalgame de l'accouchement physique et de la création mentale. Autant d'écrits qui cherchent *à briser le silence, dire enfin la douleur et l'amour qui unissent et séparent les mères des filles, les filles des mères+. Saint-Martin examine ainsi un vaste corpus de textes narratifs, essais réunis autour d'un motif ou d'une écrivaine. Ainsi, trouve-t-on des chapitres sur les *matricides et infanticides+ (chez Conan, Hébert, Loranger, Blais, Giguère, Brossard, Roy, le collectif Gagnon/Laprade/ Lecavalier/Pelletier, Chamberland, Jacob), la *langue-mère+ (Marchessault , Gagnon, Bersianik...

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