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sciences humaines 163 auprès du feu où il s'alimente, le poète veille et entretient le feu. Le désert ne gagnera sur le verger ni pour Heidegger ni pour Rimbaud [...]. Cette méthode paraît plus contestable lorsqu'elle encadre le commentaire d'épitextes nombreux (douze textes) et denses, du statut générique desquels le lecteur ne saurait être certain B critique, fiction, création littéraire, métafiction, parabole... Ce (beau) texte qu'il faut supposer continu, une narration des aventures d'un Robinson qui semble plus tiré d'un Valéry tardif que de Char, flanque symétriquement tous les chapitres de l'étude. Outre qu'elle hybride les genres et multiplie les allusions (Char, Rimbaud, Valéry...), ladite métafiction est susceptible de plusieurs lectures et exige un effort interprétatif qui n'est pas celui qu'un lecteur de critique fournit habituellement devant un travail de recherche. On peut parfois rester perplexe devant une pertinence qui tend à rester dans l'ombre. Il ressort de cette étude d'influence, aussi libre dans le ton que la relation consentie par Char à son prédécesseur, volontaire et moderniste par l'approche, que la matière intertextuelle est peu épaisse. Char, comme d'autres, lit peu Rimbaud à en croire ses textes, l'interprète en gros et à sa manière, loin de la vie certes, mais pas au plus près de l'œuvre non plus. Le flou de la *figure+ et de l'*ombre+ doit beaucoup à ce fait. On comprend alors que dans le commentaire de Fortier l'exégèse de Char domine largement. Elle suit scrupuleusement la chronologie de ses textes, en y faisant jouer l'actualité de la critique rimbaldienne qui y active des préoccupations diverses et changeantes, convoquées à bon escient. Elle s'appuie sur une somme de textes variés B archives, microfilms, catalogues d'expositions, tirages confidentiels, éditions rares B et restitue chemin faisant une chronologie minutieuse des éditions successives d'un même texte (p. 217). On peut trouver celle-ci hors de propos dans une étude qui vise aussi Rimbaud. Il n'en demeure pas moins que Fortier s'établit par son étude comme une des spécialistes de Char avec qui il faudra désormais compter. (PASCAL MICHELUCCI) Michael R. Finn, Proust, the Body and Literary Form Cambridge, Cambridge University Press, coll. Cambridge Studies in French, n o 59, 207 p., 59,95$ Cette étude récente de Michael Finn, écrite en anglais, ne propose pas de lire la pathologie à travers l'œuvre. Elle se donne même le but inverse, ce qui fait son originalité. Il s'agit de justifier des traits formels récurrents dans la Recherche sur la base de l'étiologie B celle d'une époque et celle d'un homme. En effet les troubles nerveux (maladroitement évoqués dans le titre sous le terme un peu trop englobant de *corps+) forment un contexte et donnent des images qui influent sur la perception du créateur et les pro- 164 lettres canadiennes 1999 cessus poétiques qu'il fait siens. C'est à partir de ce nervosisme fin de siècle, et d'un historique documenté des représentations médicale et populaire de la maladie (p. 10, 40, 56...) dont Marcel Proust était bien au fait par son père B et son frère B médecin, que Finn entend justifier de l'élection de la forme finale de son œuvre par son créateur. Finn part de la notion un peu vague selon laquelle la *neurasthénie [...] conditionne la conception proustienne du style+. D'où l'aboulie, l'érémitisme , et un certain épuisement de la volonté observés chez le Proust créateur. Ribot et Adrien Proust fournissent un stock d'images et de traits de personnalité dont les narrateurs aussi se font l'écho: selon une pathographie d'époque, le génie est un nerveux, donc introverti, impressionnable et contemplateur. Proust ressent donc une méfiance envers le langage des autres, ce qui freine son propre élan créatif jusqu'au point où ces angoisses l'abandonnent et lui permettent de mettre artistiquement à profit la voix...

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