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sciences humaines 157 arguments servent à évacuer le pouvoir du père, de détourner la loi du plus fort au profit du fils, de détourner aussi l'avènement du réel. Pour Belle-Isle, l'œuvre de Rousseau est une aventure audacieuse dans la perversité, où l'auteur réussit à inscrire son désir face à une réalité qu'il rejette. Cet argument est subtil et convaincant, même si l'on aimerait, par moment, que cette excellente analyse du sujet pervers soit liée de façon plus détaillée à l'identité bourgeoise. Comment Rousseau vit-il son rapport à ces transformations sociales? Dans sa discussion de La nouvelle Héloïse, une analyse de l'amitié entre Julie et Claire en termes de structuration perverse aurait aussi aidé à voir sous un nouvel angle la question du rapport entre Julie et Saint-Preux (elles partagent, après tout, leurs enfants à la manière d'un couple). Que l'on soit d'accord ou non avec Belle-Isle, son argument vaut bien la peine d'être lu. (CHRISTINE ROULSTON) Albert W. Halsall, Victor Hugo and the Romantic Drama Toronto, University of Toronto Press, 1998, 251 p., 60$ Cet ouvrage se présente sous la forme d'une étude synthétique de la composante dramatique de l'œuvre hugolienne et son ambition est de pallier aux insuffisances et aux lacunes de la critique anglo-saxonne dont les travaux les plus récents, notamment ceux de Ruth Doyle (1981) et de Joanna Richardson (1976), restent entachés de préjugés souvent peu favorables ou tout simplement de grossières inexactitudes. Son approche est résolument historique, tout en tenant largement compte du renouvellement du regard critique apporté par les lectures des hugoliens français, A. Ubersfeld, J. Gaudon, B. Leuillot, J. Seebacher. Les contributions de Jean Gaudon et plus particulièrement d'Anne Ubersfeld sont souvent convoqu ées pour appuyer les analyses. Les premiers chapitres brossent un tableau précis et très informatif des conditions à la fois externes et internes qui ont présidé à la longue gestation de l'esthétique hugolienne du drame romantique: premiers essais dans le style mélodramatique de Pixérécourt d'un auteur précoce (Hugo a tout juste dix ans quand il écrit L'enfer sur terre et Le château du diable), suivis de tentatives néo-classiques sans lendemain; situation du théâtre en France entre 1800 et 1830, marquée par la rivalité entre les théâtres officiels et subventionnés (la Comédie française et l'Odéon) voués au répertoire classique et néo-classique, où règne le style déclamatoire de Talma et de Mlle Mars, et le théâtre de boulevard, en particulier le théâtre de la Porte Saint-Martin, haut lieu du mélodrame où triomphent Frédérick Lemaître et Marie Dorval, à l'élocution chargée de résonances affectives; influence du théâtre de Shakespeare, du jeu des acteurs anglais tels que Kemble, Kean et Harriet Smithson, mais aussi du théâtre de Schiller; démêlés avec la censure de Charles X. Suit une pénétrante analyse de Cromwell et de sa préface qui révèle à quel point Hugo, à la fin de la 158 lettres canadiennes 1999 décennie 1820, avait prolongé sa connaissance du mélodrame par une réflexion théorique qui donnait la première place à la question du mélange des genres et du grotesque. Les chapitres 4 à 8 sont consacrés à l'étude de la production dramatique de Hugo depuis Hernani (1830) jusqu'aux Burgraves (1843). L'auteur y expose les circonstances de la rédaction, les conditions de la production et de la représentation des pièces, leur réception, les relations avec les acteurs, pointe les réécritures partielles, examine l'évolution de la thématique et les techniques du vers en tant que celles-ci reflètent à la fois un choix théorique et des accommodements requis par des difficultés de diction ou les habitudes de scansion des acteurs. L'échec des Burgraves en 1843 est attribué à un changement de...

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