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Reviews Psycholinguistique et discours de la folie: sens et non-sens des pratiques et des recherches CHRISTIANE KEGLE Michele Nevert, Des mots pour deconzprel1dre Montreal, Les Editions Balzac, 1993, 174 p. 21,95$ Les accras du langage, s. la dir. de Michele Nevert Montreat Les Editons Balzac, 1993,348 p. 43,95$ Michele Nevert s'inh~resse au discours de la folie depuis plusieurs annees. Des mots pour decomprendre rend compte de son cheminement depuis Ie depot de sa these de doctorat, a l'Universite de Toulouse-Le-Mirail, en 1982, laquelle portait sur les rapports entre Ie Iangage et Ja psychose. Le premier chapitre, ({ Du bouffon al'art brut », a trait ala difference entre la folie et la psychose du pOint de vue de leur aspect subversif. Des diverses representations de la folie depuis Ie Moyen Age, l'auteure en retient deux: celle du fou du roi et celle du createur d'art brut. Ce chapitre, qui a deja paru sous W1 autre titre dans Etudes Iitteraires (vol. 19, nO 2, 1986), sert en quelque sorte d'introdudion a une discussion sur la subversion de l'art, considere ou non dans ses aspects pathologiques. Intitule « Perturbations du langage et psychopathologie», Ie second chapitre parcourt les travaux psychiatriques et linguistiques consacres au langage des sujets adultes souffrant de maladie rnentale. Bien qu'inedit et bien documente, ce chapitre n'apporte cependant pas de perspectives originales sur les dereglements langagiers propres ala psychose. Une partie de la these de doctorat de Nevert, sur Ie fonctionnement de la coherence, avait deja paru dans Recherches semiotiques (vol. 3, nO 2, 1983). Une autre partie fait l'objet du troisieme chapitre de son livre. Intitule «Merde aux mots», ce dernier interroge, ainsi que }'ecrit }'auteure danssonavant-propos,la« specificite des textes d'adolescents psychotiques par comparaison avec des textes d'adolescents non psychotiques». En regard des autres parties du livre de Nevert, « Merde aux mots» apparait des I'abord comme Ie plus prometteur. Parce qu'il s'appuie sur les donnees d'une recherche personnelle meneepar l'auteure, Ie Iecteur s'attend d'embJee ades trouvailles originales et ades conclusions convaincantes. Malheureusement, ce chapitre dec;oit, car il consiste en un resume, forcement incomplet, de la these de doctorat de Nevert. AUCW1e description de I'echantillonnage n'est donnee, non UNIVERSITY OF TORomo QUARTERLY, VOLUME 67, NUMBER 2, SPRING 1998 614 CHRISTIANE KEGLE plus qu'une presentation des conditions de production des textes ecrits par les adolescents dits psychotiques ou non, textes sur lesquels s'appuie la demarche de I'auteure. Le concept de «psychose» semble par ailleurs reposer sur Ie simple constat que certains adolescents ont ete admis en milieu asilaire, alors que d'autres non. Une telle discrimination ne peut tenir, si l'on s'en rMere ala psychose comme l'une des trois structures psychiques de l'etre padant, mises au jour par la psychanalyse depuis Freud. Un sujet, tout adolescent qu'H soit, peut tres bien repondre au schema structurel de la forclusion de la metaphore patemelle, sans avoir necessairement connu de' decompensation psychotique, avec ses signes manifestes: delire, phase suicidaire, agressivite debridee, etc. L'evenement declencheur de ces signes exterieurs de la psychose peut en effet survenir dans la trentaine, 1a quarantaine, voire la cinquantaine (cornme ce fut Ie cas du President Schreber, auquel se sont interesses Freud et Lacan). Considere SOllS cet angle, Ie pOint de depart de 1a recherche se trouve invalide, puisque des sujets psychotiques non identifies comme teis ont pu faire partie du groupe temoin, celui des adolescentsdits «norrnaux )~. D'ameurs, selon les cliniciens, une phase psychotique accompagne souvent la traversee de l'adolescence (voir Traiter la psychose, Quebec, Gifric, 1990). D'ou la faible conclusion de ce chapitre, qui ne saurait que reconduire certaines evidences. Par ailleurs, on peut interroger I'arrimage que fait Nevert entre les donnees collationnees apartir de l'approche psycholinguistique et les textes d'ecrivains, au chapitre 4; « La schizographie ou l'ecriture indocile·». L'auteure « tente un releve systematique» des deviations verbales des textes des psychotiques, « en les mettant en resonance avec les creations verbales rencontrees it l'interieur des CEuvres de plusieurs ecrivains». Les ecrits ludiques de Sol...

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