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SCIENCES HUMAINES 463 (fictive?, note 198, p. 47) de 36 lettres adresses ala duchesse de Lesdiguieres . «A Ia limite, Charlevoix aurait pu ecrire son Journal sans quitter Paris », soutient Ie critique, avec une certaine justesse. «L'excellent homme» se serait-il fait payer un voyage touristique, pourrait-on se demander malicieusement? «Cependant, Ie but de Charlevoix, en faisant paraitre sonJournal ala suite de l'Histoire et description generale de la Nouvelle France, est moins de rapporter les peripeties de son voyage au Canada et en Louisiane que de dresser unbilanexhaustifdes richesses des deux colonies, d'analyser leur developpement, de decrire les mo=urs des Amerindiens, enfin de presenter la faune et la flore americaines», soutient Berthiaume. Si Charlevoix semble plutot nul comme geographe, iI 5'en tire fort honorablement en composant « un amalgame de textes empruntes adifferents auteurs». « On Ie constate, continue Berthiaume, chez lui, l'art drecrir~ est avant tout un art de reecrire les textes ». Le resultat de cette reecriture consiste en tIDe sorte de synthese, fort adroite, des observations des voyageurs et des opinions qu'on se faisait des « Sauvages » d'Amerique d u Nord au milieu dU·XVIUe siecle et constitue« une sorte de testament}) acet egard. Aux plans de la composition et de l'ecriture, Ie Journal comporte des qualites evidentes qu'on ne saurait nier. Ce n'est que plus de vingt ans apres Ie voyage de Charlevoix qU'est publie son Journal, soit en 1744. En ce qui concerne l'etablissement du texte, Berthiaume a procede avec toute la rigueur que s'est imposee la Bibliotheque du Nouveau Monde, en etudiant consciencieusement la langue du Journal, dont il note les variantes (ou variations), incertitudes et «inconsequences orthographiques». Pour ce faire, il s'est livre aI'etude attentive des lettres autographes de Charlevoix, dont 1a calligraphie, cependant, lui apparait « souvent difficile a dechiffrer n. Pour faciliter la lecture, il a apporte quelques modifications graphiques mineures, signalees en page 75. Le texte de base reste « l'edition in-4° que nous reproduisons, avec les variantes de I'edition in-12°, denaturee par des modifications fautives», precise-t-il. Enfin, conformement aux exigences des grandes editions critiques, l'ensernble est complete par une bibliographie impressionnante et par lID index detaille (toutefois, les prenoms n'y apparaissent pas d'une fac;on constante),.« dresse par Pierre Berthiaume et Late Begnon Lawson-Hellu ». Bret une edition superbe et definitive qui rend honneur au critique. (GILLES DORION) Gerard Bouchard, Quelques arpents d'Amirique. Population, economie,jamille au Saguenay! 1838-1971 Montreal, Boreal, 635 p. Depuis 1947, avec l'institutionnalisation du metier! 1a professiormalisation des pratiques a fac;onne profondement Ie recit historien au Quebec. Pour assurer la legitimite de leur discours et pour lui assurer une consonance 464 LETTRES CANADIENNES 1996 avec la zeitgeist scientifisante du xxe siec1e occidental, les historiens ont puise aux ressources de la science, dans ses approches et ses methodes, sa conceptualisation et ses paradigmes, son appareillage et son Iangage. Le positivisrne ala Ranke d'un Marcel Trudel,la modelisation nomothetique de l'Ecole historique de Montreal ont pave la voie, dont Ie trace reprend celui des routes empruntees par d'autres productions intellectuelles, telles que celles de l'Ecole socioIogique de Chicago et surtout de l':EcoIe franc;aise des Annales. Livre majeur, l'etude dernographique et socio-economique de Gerard Bouchard se rec1ame de cette derniere filiation. Quelques arpents d'Amerique n'est certes pas une monographie regionale ala Damase Potvin. Elle se distingue aussi des etudes scientifiques de l'Institut quebecois de recherche sur la culture (IQRC), OU l'accent est mis sur la constitution culturelle des regions. Plutot, Bouchard tente d'apprehender son objet, l'un des demiers fronts pionniers sur Ie continent americain, celui du Saguenay entre 1838 et 1971, sous Ie prisme de l'histoire totale. Ii s'agit Ia d'une experience dont peu d'historiens quebecois et canadiens, hOrInis les travaux de Femand Ouellet, Jean Hamelin et Yves Roby, ont ose entreprendre. C'est ici son grand interet, voire son originalite. Ainsi, Quelques arpents d f Amerique se veut «un essai d'histoire sociale selon l'esprit des pionniers », les Marc Bloch, Lucien Febvre, Femand Braudel et...

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