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Reviewed by:
  • A Companion to the History of the Book
  • Sylvie Lefèvre
Simon, Eliot and Rose Jonathan , eds. A Companion to the History of the Book. Blackwell Companions to Literature and Culture 48. Malden, Massachusetts; Oxford, UK; Victoria, Australia: Blackwell Publishing, 2007. ISBN–13:978-1-4051-2765-3. Pp. 599. $169.95.

Ce livre fait partie d'une collection connue de l'éditeur et d'un genre reconnu, en français, sous le nom de manuel. Si ce mot ne renvoie pas toujours à la maniabilité de l'objet, il souligne l'intérêt de l'avoir en permanence "sous la main". Désigné comme "compagnon", le manuel d'introduction prend en anglais la dimension du livre-ami, pour se ranger aux côtés du livre de chevet (204, livres d'heures), du livre de raison (202, libri segreti italiens) ou encore du commonplace book (56–57, 301), c'est-à-dire de tous ces objets devenus reflets et supports non seulement des lectures, mais aussi de l'existence de leurs possesseurs. Car si le livre a une histoire, bien souvent aussi il est acteur de l'histoire.

Disons-le d'emblée, ce livre est remarquable. Dirigé par deux spécialistes du livre moderne, il tente de faire le tour de l'histoire mondiale du livre en quatre parties et quarante chapitres: "Methods and approaches" (4 chapitres), "The History of the Material Text" (26 chap.), "Beyond the Book" (3 chap.), "Issues" (6 chap.) et une "Coda" sur l'avenir du livre.

Lorsque précisément on s'interroge (depuis près de vingt ans) sur une possible disparition du livre, on en revient à l'étonnante efficacité technologique du livre-codex apparu à la fin de l'Antiquité. Alors même que les supports et formats qui conservent musique et image animée n'ont cessé de changer [End Page 153] et de se périmer au cours du XXe siècle, le livre lui reste comme inchangé depuis plus de quinze siècles: il ne demande qu'à être ouvert, feuilleté pour que soit lu et interprété le texte qu'il garde (556–57). Cette facilité et cette familiarité expliquent certainement la résistance physique du livre face à sa possible dématérialisation électronique. Ce sont elles aussi qui doivent être mises en question si l'on veut comprendre l'histoire du livre, les lectures et lecteurs d'autrefois et ne pas trop vite identifier les fonctions d'un manuscrit médiéval à un livre de poche moderne, par exemple. Or tous les chapitres jouent ce jeu de la défamiliarisation, dont l'importance est ici rappelée avec les études modèles de Robert Darnton ou de Michael Clanchy (51–52).

L'étrangeté est immédiate lorsqu'on considère les plus anciennes formes du livre, qu'il s'agisse du volumen sur papyrus de l'Antiquité égyptienne et gréco-romaine (chap. 5) ou des tablettes d'argile de la Mésopotamie (chap. 6). Elle peut s'accroître encore d'un éloignement dans l'espace lorsqu'il est question des langues originaires du Moyen Orient (hébreu chap. 11, arabe chap. 12) puis de l'Orient extrême (Chine chap. 7, Japon, Corée et Vietnam chap. 8, Asie du Sud chap. 9) ou de l'Amérique latine (chap. 10).

La différence entre passé et présent saute aux yeux aussi lorsqu'il est question de chiffres et de statistiques, soit une des approches payantes de l'histoire du livre (chap. 3), à condition de poser les bonnes questions et de ne pas oublier comment les données utilisées ont été établies. Ainsi le livre des époques les plus reculées n'est pas seulement rare parce que beaucoup ont disparu, mais il l'est d'abord parce que le livre était réservé à une élite de lecteurs. Pourtant, même les petits chiffres peuvent être révélateurs: en comparant le nombre respectif des textes grecs conservés sous forme de volumina ou de codices, datés des cinq premiers siècles de notre ère, on a pu définir le IVe s. comme le moment où les deux formes du livre...

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