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Reviewed by:
  • Histoire des genres dramatiques à la radio québécoise by Renée Legris
  • Jean Levasseur
Legris, Renée . Histoire des genres dramatiques à la radio québécoise. Sillery: Septentrion, 2011. ISBN 9782894486481. 512 p.

Le 5 avril 1923, Jacques Narcisse Cartier, directeur et fondateur de la nouvelle station radiophonique ckac, prenait, à l'instar de nombreux directeurs artistiques des années 1920 et 1930, une décision riche d'implications: la diffusion à la radio d'une œuvre théâtrale, dans ce cas-ci Félix Poutré, du célèbre Louis Fréchette, que l'on appelait encore à l'époque, avec bonheur, le poète national du Canada français. Tout comme ses collègues du reste de l'Amérique et de l'Europe, [End Page 268] Cartier ne se doutait sans doute nullement de la force du train qu'il venait de mettre en route; et c'est à cet univers que Renée Legris redonne ici vie, dans un excellent essai qui remet au jour les conditions d'existence et le contenu de cet important pan, quelquefois méprisé, de l'histoire de la culture dite populaire du Québec francophone. Contrairement au phénomène scénique du burlesque, par exemple, dont les créations n'atteignaient les régions que ponctuellement, par le biais des tournées, les séries dramatiques radiophoniques, bien qu'elles fussent issues majoritairement de Montréal, parvenaient en effet quotidiennement, par l'entremise du poste de radio installé dans toujours plus de cuisines québécoises, à l'ensemble de la population de la province, ce qui a fait d'elles la première véritable manifestation culturelle globale, avant la télévision et l'image, dernier média qui déferlerait sur la province presque vingt ans après les premiers radio-théâtres de l'incontournable créateur Robert Choquette, diffusés sur CRCM.

L'intérêt de Renée Legris pour l'univers radiophonique ne date pas d'hier. Dans les années soixante déjà, elle consacrait sa thèse doctorale à ce même Choquette et à son apport à la culture québécoise via ses créations pour la radio. Ses efforts furent d'ailleurs à l'origine de la création d'archives radiophoniques, dans le cadre d'un projet de recherches à l'UQAM, où elle enseigna, et qui culmina en la création d'un Répertoire des œuvres de la littérature radiophonique du Québec (1930-1970), déposé aujourd'hui à la Bibliothèque nationale du Québec et sur lequel repose la présente étude, tout aussi impressionnante que le sont les archives qu'elle participa à monter.

Cet essai, publié chez Septentrion (septentrion.qc.ca), une maison de renom spécialisée dans la publication d'ouvrages touchant à l'histoire, comporte six grandes sections, elles-mêmes divisées, au besoin, en un nombre irrégulier de chapitres. En ouverture, Legris étudie le lien entre le théâtre, source à laquelle s'approvisionne le nouveau média, et la production dramatique à la radio, et elle démontre comment la relation privilégiée entre les deux cercles de création a permis une consolidation des structures théâtrales montréalaises. Comme il se doit, dans la seconde partie, elle procède à un examen des conditions de production de ces pièces, ainsi que de la multiplicité des genres d'écriture que l'on pouvait y retrouver, de l'humour à la satire, au drame ou au mélodrame. Particulièrement intéressante, cette section permet au lecteur de tisser des liens entre la réalité québécoise des années quarante et ses efforts de guerre et sa production radiophonique qui l'explore avec vivacité, ou encore d'observer la perméabilité entre le théâtre expérimental d'un Québec en pré-Révolution tranquille et ses productions radiophoniques. La popularité du genre, rappelle-t -elle souvent, fut alors l'occasion pour de nombreux jeunes auteurs (Thériault, Dubé, Leclerc, Naubert, Gauvreau, etc.) de quelquefois faire leurs premiers pas et de nécessairement laisser leur marque, leur donnant ainsi une reconnaissance qui irait audelà du simple univers théâtral montr...

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