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Reviewed by:
  • J.-M.G Le Clézio: Dans la forêt des paradoxes ed. by Bruno Thibault and Keith Moser
  • Adina Balint-Babos
Thibault, Bruno, et Keith Moser, coords. J.-M.G Le Clézio: Dans la forêt des paradoxes. Coll. Études transnationales, francophones et comparées. Paris: L'Harmattan, 2012. ISBN 9782296569928. 320 p.

Ces actes du colloque international qui s'est tenu à l'Université d'État du Mississippi sous la direction de Bruno Thibault et Keith Moser s'attachent à penser "les paradoxes fondamentaux" (9) de l'œuvre leclézienne, paradoxes que l'écrivain a mis lui-même en avant dans son discours de Stockholm intitulé "Dans la forêt des paradoxes," lors de la réception du prix Nobel de littérature en 2008. Dans "l'Avant-Propos," Bruno Thibault développe avec précision quatre questions ou paradoxes qui structurent l'ensemble du volume: "écrire ou agir?"; "devenir autre?"; "quête ou conquête?"; "pour une littérature monde interculturelle?" Bruno Thibault fait également le point sur la réception de ce prix Nobel, rappelant que le choix de l'Académie suédoise a suscité à la fois enthousiasme et contradiction, en France comme à l'étranger, mais que l'écriture de Le Clézio reste fidèle à la vision qu'on lui reconnaît: explorer "une humanité au-delà et endessous de la civilisation régnante" (13). Les contributions réunies dans ce collectif tentent ainsi de situer Le Clézio à travers ses multiples avatars—"le Niçois, le Franco-Mauricien, le Mexicain, l'Américain, le prix Nobel 2008, l'écrivain voyageur et le témoin du monde" (30)—et de rendre compte de la nature exacte de "l'interculturalité" de ses écrits.

Un premier groupe d'articles réfléchit au processus de la création chez Le Clézio. Warren Motte étudie la recherche de nouveaux modèles narratifs en France au cours des années soixante puis quatre-vingt, et s'interroge sur les enjeux du "roman critique," notamment dans Onitsha. Claude Cavallero s'attache au geste scriptural leclézien et cerne la spécificité de son langage poétique, ainsi que les diverses orientations de son engagement de part et d'autre de Voyages de l'autre côté. Bruno Tritsmans étudie les figures de l'artisan, du saltimbanque et du prophète, qui sont autant de "portraits de l'artiste," de Mondo à Raga. Bruno [End Page 271] Thibault se penche sur L'Extase matérielle (1967) et L'Inconnu sur la terre (1978), deux essais paradoxaux qui marquent un tournant dans la pensée de Le Clézio, l'écrivain exprimant "un certain rejet des sciences humaines alors dominantes, de la psychanalyse à l'anthropologie" (67), et proposant une vision du monde et de soi nourrie par la pratique de la méditation bouddhiste et l'étude des cultures chamaniques amérindiennes.

Trois essais sont consacrés à la question de l'identité chez Le Clézio, occasion de réfléchir à la traversée des frontières et aux espaces intérieurs et extérieurs "métissés" de sa fiction. Ainsi Rachel Bouvet discute le problème de la lecture de l'altérité culturelle, le jeu entre altérité et spatialité, notamment dans Désert et dans La Quarantaine, et étudie "les rapports entre littérature et culture dans le cadre d'une sémiotique de la culture" (80). Isabelle Roussel-Gillet aborde l'œuvre de Le Clézio comme "une œuvre du secret et de l'incertitude" (88) et met en garde le lecteur contre les limites de la notion d'"entre-deux" (88) appliquée à des romans comme Étoile errante ou Ritournelle de la faim, qu'elle entend enrichir avec le concept de l'écrivain "métisserand" (88), terme "plus actif et plus paradoxal que ceux de 'passeur', 'conteur'" (88), d'écrivain-voyageur ou de nomade, qui sont fréquemment employés par la critique. Bernadette Rey Mimoso-Ruiz se penche sur le "mythe" (99) entourant l'artiste mexicaine Frida Kahlo, tel qu'il est construit dans la biographie que lui a consacrée J. M. G. Le Clézio en 1993, en soulignant cependant...

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