Abstract

Cette étude examine le travail de l’oralité de L’Exil selon Julia de Gisèle Pineau. Julia, la grand-mère de la narratrice, offre à ses petits-enfants un modèle de retour qui cherche, à travers la pratique de son oralité, à négocier une place dans le monde. Julia arrive à infuser sa langue et sa voix à celle de la narratrice qui devient à son tour une voix porteuse des traces d’une identité du vouloir-retour. Le travail d’oralité de Julia ébranle les certitudes d’une nouvelle génération qui se croit acquise à la mondialité. Quand Julia, rétablie en Guadeloupe, fait pleuvoir du haut d’un arbre des fruits sur ses petits-enfants, son geste ironique et ludique remet en question la notion d’un monde défini par le progrès et la marche destructrice du temps. La chute de prunes est un symbole d’abondance et de fertilité, alors que le Pays avait été représenté par les parents de la narratrice comme un lieu de souffrance et de privation. L’oralité de Pineau est un dire pour soi qui finit par questionner l’assurance de l’autre.

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