Abstract

Gisèle Pineau situe son roman dans le terroir martiniquais, pour mieux étendre sa quête identitaire sur trois continents et quatre générations de la famille de Jo, la protagoniste autofictive du roman. Sa démarche en apparence paradoxale permettra à Jo de relier la découverte de ses propres origines à la création d’une vision communautaire qui s’ouvre au monde, capable de faire émerger sa propre image de femme de lettres, représentée dans une toile figurant une femme à la fois fleurie et barbare. La présence au texte de Pineau du jardin créole sert à ancrer une sombre histoire familiale. Lieu de croisement des traditions et espace conflictuel de transition, le sort du jardin de l’Autre Bord résume en même temps la situation de l’île, menacée par l’abandon d’une part, par la bétonisation de l’autre. Alors que la survie du jardin créole est menacée par les forces impérieuses de la globalisation, le jardin se laisse miner depuis l’intérieur par le scandale sinistre qu’il cache au monde et dont il reste le seul témoin, contraint d’abriter la dépouille d’une première fleur barbare, arrière-grand-mère de Jo. Situé au carrefour de l’intrigue, le jardin invite au décodage de son imaginaire pluriel afin de révéler toute la portée du titre du roman.

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