Abstract

Quand en 2004 paraît le dernier ouvrage romanesque d’Amin Maalouf, la presse et la critique y reconnaissent les thématiques de l’exil et des appartenances multiples pratiquées tant de fois par l’auteur aussi bien dans ses romans que dans ses essais. Origines n’est lu que comme le réceptacle transparent et véridique du parcours de la famille des Maalouf au dix-neuvième siècle. Ce parcours est perçu, d’une part, comme exotique, et, d’autre part, comme fort représentatif des idéaux maaloufiens de tolérance et de reconnaissance de l’altérité dans ses diverses manifestations. Or, ce texte, par l’étalage de preuves d’authenticité, par l’affichage d’une ignorance du narrateur, qui semble impossible à combler, s’avère ne nier la fiction que pour mieux en exposer le mécanisme. Dès lors, le titre réfère moins aux origines des Maalouf, qu’à celles, peut-être plus fondamentales, du processus de création romanesque. L’œuvre est donc moins biographique qu’autotélique, moins celle d’un conteur d’Orient, surgi tout droit de féériques Mille et une Nuits, que celle d’un écrivain préoccupé par sa propre écriture et désireux d’exhiber enfin sa fabrique romanesque.

pdf