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  • Afrique du Nord
  • Alek Baylee Toumi

Biographie

Vircondelet, Alain. Albert Camus, fils d'Alger. Paris: Fayard, 2010. ISBN 978-2-213-63844-7. 386 p.

Parmi les maintes études sur Albert Camus, les biographies de Herbert Lottman en 1978, puis celle d'Olivier Todd en 1999, sont sans doute les plus importantes. Si Camus a eu plusieurs passions dans sa vie-les femmes, le théâtre et l'écriture-, il est toutefois indéniable que la pauvreté et l'Algérie demeurent au centre de son œuvre. La nouvelle biographie d'Alain Vircondelet est une étude originale, dans la mesure où l'auteur examine l'influence de la ville d'Alger sur son fils prodige.

Alors que Paris y est présentée comme une ville grise, froide, pleureuse de pluie, une "métropole de la méchanceté, du dénigrement et du mensonge systématique" (16), avec sa "pègre intellectuelle" (16), Alger par contre rayonne de luminosité et d'humanité. C'est une ville ouverte sur la Méditerranée, avec un ciel bleu et un soleil qu'on aperçoit à chaque coin de rue. De Simone Hie, la première épouse, à Francine Faure, mère des jumeaux, il y a bien eu une pléiade de femmes, dont Mi la belle Danoise, Maria Casarès l'Espagnole, Patricia Blake la jeune Américaine et enfin Catherine Sellers, ces "belles passantes" qui n'ont pas su retenir Le Premier homme, tendre voyou et beau parleur.

L'ouvrage commence avec Paris, puis fait un retour en arrière sur l'enfance misérable dans le quartier ouvrier de Belcourt, où cohabitait une diversité de groupes ethniques, sur l'instituteur Louis Germain, puis Jean Grenier et le lycée Bugeaud à Bab el Oued, dans l'autre ville, la bourgeoise européenne. On découvre Camus, le "petit Bébert," un garçon gentil, pauvre mais très généreux, qui payait pour les autres et leur donnait le peu qu'il avait. La tuberculose à dix-sept ans lui insufflera une grande peur de mourir mais aussi une fureur de vivre, avec notamment un engagement tous azimuts quelques années plus tard. La passion du théâtre et le journalisme à Alger Républicain pousseront le maire franquiste de la ville à interdire l'adaptation de Le Temps du mépris de Malraux. La fermeture du journal forcera Camus à son premier exil d'Alger vers Oran puis la métropole. L'engagement dans Combat, la réussite à Paris, la querelle avec Jean-Paul Sartre feront de Camus l'homme à abattre, par une certaine [End Page 205] "gauche femelle". Il sera aussi condamné à mort par les ultras pieds-noirs en 1956, condamné par les arabo-islamistes du FLN, condamné par les partisans de l'Algérie française et du statu quo. Partisan de l'Algérie algérienne plurielle, la position de Camus était en réalité très proche de son ami Ferhat Abbas et des Algérianistes, eux aussi exclus.

Comme une femme qu'on a été forcé de quitter, Alger demeure cette dame éplorée qui ne quittera jamais son esprit, que Camus trompe souvent mais, ne pouvant vivre sans son soleil et sa mer bleue, vers laquelle il reviendra toujours. Il voyagera en Europe de l'Est, en Italie et en Grèce, mais restera obsédé par un retour vers "Alger, sa belle," avec Tipaza et ses ruines romaines. Un très bel ouvrage et un nouvel hommage à cet "étranger si familier!"

Récit

Chraïbi, Driss. L'Homme du livre. Paris: Denoël, 2011. ISBN 978-2-207-10991-5. 108 p.

Rebelle, enfant terrible de la littérature marocaine, Driss Chraïbi est décédé il y a quelques années à l'âge de 81 ans. Il a laissé derrière lui une grande œuvre, vingt ouvrages, où se bousculent ses rêves de liberté et ses multiples révoltes.

Vers la fin de sa vie, il a publié ses mémoires, notamment avec Lu, vu et entendu et Le Monde à côté. Si son premier roman Le Passé simple, avait fait coulé beaucoup d'encre dans les années cinquante, un autre ouvrage...

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