Abstract

La formation discursive caractérisant la représentation de la sorcière évoque une épistémê héritée du Moyen Âge qui a engendré une colonisation non seulement outre-mer mais aussi intra-européenne. Les textes de Jules Michelet (La Sorcière) et de Maryse Condé (Tituba) engagent le lecteur dans une écoute dialogique car c’est une répression religieuse, sociale, et ethnique qu’ils cherchent à la fois à révéler et à déconstruire dans l’espace de l’œuvre littéraire. Personnage dont la facticité devient un leitmotiv ironique, la sorcière dénonce la fiction inhérente à la construction d’un système d’altérité absolue en réaction au folklore païen. Représentation imagée et imaginaire d’une oralité disparue, la sorcière est forcément aphone et subalterne. La répétition de son procès permet de dévoiler les rouages d’une scène judiciaire productrice de torts irréconciliables. En fin de compte, c’est le différend, au sens où l’entend Lyotard (1983), qui trouve une expression silencieuse dans ces textes.

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