In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

  • Actualités cinématographiques
  • Safoi Babana-Hampton

Le cinéma français au rendez-vous pour le débat sur l’identité nationale

Un jalon important a été franchi lors de la 35e cérémonie des Césars qui a eu lieu le 27 février 2010, dans l’enceinte du théâtre du Châtelet, au cœur de Paris. Avec l’attribution de la prestigieuse statuette dans plusieurs catégories à des artistes français appartenant à une minorité culturelle et ethnique, notamment maghrébine, le cinéma français assume pleinement sa part dans le débat sur l’identité nationale lancé le 2 novembre 2009 par Éric Besson, Ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, et porteparole du Président de la République, Nicolas Sarkozy. Effectivement, cette atmosphère de réalisations charnières a été évoquée dès l’ouverture par les deux Maîtres de Cérémonie et célèbres humoristes, Valérie Lemercier et Gad El Maleh, annonçant qu’il s’agissait d’une “soirée de tous les possibles”! Quoiqu’il ait animé des éditions précédentes de la cérémonie des Césars, la présence d’El Maleh, salué dans le catalogue officiel de la 35e cérémonie des Césars comme un artiste qui “parvient à faire le pont entre cultures et confessions sans concession”, est sûrement symbolique, du fait que son parcours personnel est aussi l’histoire d’un immigré aux origines marocaines. “C’est quoi être français aujourd’hui? Cette question est au cœur de tous les débats, et à sa façon, le cinéma français a tenté d’y répondre,” remarque sur un ton bouffon Valérie Lemercier. Ces mots sont suivis d’un sketch comique intitulé “Le petit Nicoumouk: histoire d’un enfant, histoire d’une famille, une histoire de France” dans lequel Lemercier et El Maleh jouent des rôles présentant des portraits caricaturaux de la famille immigrée maghrébine et les épreuves de l’intégration. Il n’est pas étonnant que parmi les films qui ont été reconnus cette année, soit en étant nominés, soit en figurant au palmarès, on comptait Un Prophète de Jacques Audiard, La Journée de la jupe de Jean-Paul Lilienfeld et Welcome de Philippe Lioret — des films dont le contenu porte sur la peinture de scènes différentes dans la vie de l’immigré ou d’individus appartenant à des minorités culturelles en France. De plus, il s’agit de films dont les cinéastes sont membres militants du Collectif des Cinéastes pour les “sans-papiers.” Ce Collectif a écrit un manifeste et réalisé un court-métrage intitulé “On bosse ici! On vit ici! On reste ici!” où on fait appel à la régularisation de tous les travailleurs sans-papiers. Le court-métrage, dont la première a eu lieu le 22 février 2010, à la Cinémathèque française; “rend compte de la situation insupportable dans laquelle vivent plus de 6000 travailleurs sans papiers en grève” (voir le [End Page 275] site web officiel du Collectif pour visionner le court-métrage: http://www.collectifdescineastespourlessanspapiers.com/. Parmi les signataires de la pétition de solidarité avec les travailleurs sans papiers figurent plusieurs noms illustres du cinéma français dont Juliette Binoche, Vincent Lindon, Carole Bouquet, Laurent Cantet, Yamina Benguigui, Isabelle Adjani, Merzak Allouache, Azouz Begag, pour ne citer que ceux-ci.

En rendant honneur à ces cinéastes, comédiens et productions artistiques, l’Académie des Arts et Techniques du Cinéma oblige ainsi à reconnaître le fait de la diversité de l’identité nationale et à redéfinir l’image et le rôle du cinéma français.

Un Prophète, le nouveau fleuron du cinéma français engagé?

Le succès triomphal de Un Prophète impressionne non seulement par le nombre de récompenses qu’il a accumulées (neuf au total), mais surtout par une première dans l’histoire des Césars, notamment...

pdf