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  • "Les Philosophies de la vapeur et des allumettes chimiques" Littérature, sciences et industrie en 1855
  • Aude Campmas
Caraion, Marta . "Les Philosophies de la vapeur et des allumettes chimiques" Littérature, sciences et industrie en 1855. Genève: Droz, 2008. Pp. 374. ISBN 978-2-600-01219-5

En 1855, année de la première Exposition universelle de Paris, la polémique sur la question des relations entre les arts, les sciences et l'industrie ressurgit. En effet, devant le fol enthousiasme du public pour les merveilles de l'industrie et face à la désertion des pavillons des arts, la nécessité de redéfinir les rapports de l'art aux temps modernes s'impose aux artistes. Deux orientations esthétiques les divisent alors: la première, dont Maxime Du Camp devient le héraut, propose une étroite collaboration avec les sciences et les techniques; la seconde, portée par Baudelaire, prône l'autonomie absolue et réfute le mythe du progrès défendu par "les Philosophies de la vapeur et des allumettes chimiques." Empruntant à Baudelaire le titre de son ouvrage, Marta Caraion rassemble les principaux textes de la controverse opposant les hommes de lettres sur leur rôle dans ces années d'euphorie industrielle. L'anthologie est construite autour de la préface des Chants modernes, manifeste de l'imaginaire positiviste, les autres textes reproduits apparaissant comme autant d'éclaircissements contextuels, de réponses et de réactions à ce texte fondamental mais relativement peu étudié.

L'introduction, centrée sur la figure de Du Camp, permet de situer le contexte historique, littéraire et philosophique dans lequel s'inscrit le débat et de mettre en perspective les textes polémiques. Marta Caraion rappelle d'abord le rôle des saint-simoniens et du positivisme dans la formation intellectuelle de l'auteur des Chants modernes. Suivent quelques pages sur l'apparente contradiction entre la position de Du Camp et sa participation, auprès de Gautier, chantre de l'art pour l'art, à la Revue de Paris, laquelle semble elle-même guidée par des aspirations contradictoires, partisane de l'art industriel mais collaborant avec ses principaux détracteurs. Après avoir brillamment éclaircit ces points, l'auteure examine le rôle de l'exposition universelle, lieu de déploiement de l'art industriel, dans la redéfinition de la poésie pour aboutir aux descriptions du poète nouveau et de l'imaginaire positiviste. Dans un second temps, Marta Caraion analyse les rapports de la poésie et de la science en regard de la notion de progrès. Elle rappelle d'abord la position de Renan qui non seulement résout la controverse en établissant une parenté entre la poésie et la science, lesquelles possèdent selon lui des structures conceptuelles communes et mais se refuse aussi à mesurer la valeur d'une société en fonction de la notion de progrès. En opposition à Renan, elle décrit ensuite le point [End Page 276] de vue de Du camp qui pense le rapport entre les arts, les sciences et l'industrie en termes d'échanges, lesquels conduisent à un progrès commun. L'introduction s'achève sur l'examen de la postérité de Du Camp, Marta Caraion relevant les parentés de vision entre Zola, Verne, Villiers de L'Isle-Adam et l'écrivain.

La grande majorité des textes sélectionnés fut publiée autour de 1855. C'est un choix éditorial judicieux car, les textes se répondant, il permet restituer le débat dans toute sa vivacité. Les rares exceptions sont des articles importants car éclairant les positions de chacun. La première partie reproduit intégralement la préface des Chants modernes et les "Chants de la matière." La deuxième partie présente des textes sur la poésie de l'industrie (Louis de Cormenin, Achille Kauffmann, Hippolyte Castille, Du Camp) publiés dans la Revue de Paris. La troisième partie est constituée d'un ensemble d'écrits sur l'exposition universelle (Baudelaire, Renan, Du Camp, Gustave Claudin Victor de Laprade). La quatrième partie est consacrée aux nombreuses r...

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