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Reviewed by:
  • Ourika, Édouard, Olivier ou Le Secret
  • Mary Ellen Birkett
Duras, Madame de. Ourika, Édouard, Olivier ou Le Secret. Ed. Marie-Bénédicte Diethelm. Paris: Gallimard (Folio classique), 2007. Pp. 400. ISBN 9-782070-309887

Un des grands mérites de cette édition de Marie-Bénédicte Diethelm est de réunir pour la première fois et dans leur version intégrale les trois romans-nouvelles qui ont au dix-neuvième siècle fait la gloire de Claire-Louise-Rose-Bonne Lechal de Coëtnempren de Kersaint, duchesse de Duras. Ourika, le plus court de ces romans, est de loin le plus connu aujourd'hui. Grâce à une suite d'excellentes éditions - celles de Claudine Hermann (Des Femmes, 1979), de Roger Little (U of Exeter P, 1993, rééditée en 1998 et en 2005), de Joan DeJean (Modern Language Association of America [MLA], 1994) - Ourika est devenu un "bestseller" moderne qui reçoit, surtout de la part du public universitaire américain, un accueil aussi chaleureux, toutes proportions gardées, que celui que lui avait réservé le public parisien en 1824. Par contre Édouard, le second roman de ce volume, qui a connu lui aussi un grand succès lors de sa parution, est beaucoup moins lu de nos jours; il en existe deux éditions modernes (celle de Claudine Hermann au Mercure de France, 1983, réimprimé en 2005, et celle de Gérard Gengembre, aux Éditions Autrement, 1994). Quant à Olivier, ou Le Secret, resté inédit du vivant de son auteur, Denise Virieux l'a publié pour la première fois en 1971 chez Corti à partir d'une ébauche de Mme de Duras.

Outre son format de poche et son prix modique qui le rendent accessible à tous, le plus grand mérite de cette édition est de donner de ces romans une version définitive [End Page 354] et intégrale grâce à des documents autographes nouvellement découverts. Préfacé par Marc Fumaroli et introduite par Marie-Bénédicte Diethelm, l'ouvrage est abondamment annoté et inclut un dossier très riche sur la biographie de l'auteur et tous les aspects de la réception des trois romans (composition, publication, contrefaçons, imitations, dérivations). Ces documents s'accompagnent d'une bibliographie choisie qui privilégie l'orientation biographique et les rapports littéraires entre Mme de Duras et Stendhal; on regrette néanmoins que cette bibliographie n'inclue pas davantage de références aux travaux critiques consacrés à l'œuvre de Mme de Duras, et, en particulier, aux nombreux articles publiés récemment sur Ourika aux Etats-Unis. Une meilleure connaissance de ce qui se publie outre-Atlantique sur Ourika aurait sans doute permis d'éviter que l'ouvrage en question ne reproduise en couverture le même tableau que celui qui figurait déjà sur l'édition d'Ourika de la MLA, d'autant plus que ce tableau, Portrait d'une négresse de Marie-Guillermine Benoist, relève d'un choix contestable.

Marc Fumaroli dans sa préface et Marie-Bénédicte Diethelm dans son introduction évoquent l'un et l'autre l'admiration qu'a suscitée chez ses contemporains l'œuvre de Mme de Duras: Alexandre von Humbolt a rapporté à Mme de Duras l'hommage du roi de Prusse et de Goethe; Barante, Emile Deschamps, et Sainte-Beuve ont publié dans la presse des comptes-rendus élogieux; elle a inspiré Astolphe de Custine et Balzac; Henri de Latouche et Stendhal n'ont pas hésité à la copier. Diethelm développe l'histoire extérieure tout à fait exceptionnelle des romans de Mme de Duras, et souligne les rapports littéraires entre la romancière et deux des lecteurs, Chateaubriand et Stendhal. Fumaroli et Diethelm mettent tous les deux en relief le fait que les situations romanesques de Mme de Duras sont tirées d'incidents vrais, mais que l'essentiel réside dans la manière de raconter et non pas dans l'anecdote. Pour Fumaroli, tout l'univers fictif de Mme de Duras est gouverné par le désir d'un bonheur impossible...

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