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  • Le Drageoir aux épices, suivi de textes inédits
  • Marc Smeets
Huysmans, Joris-Karl. Le Drageoir aux épices, suivi de textes inédits. Edition critique présentée, établie et annotée par Patrice Locmant. Paris: Librarie Honoré Champion, 2003. Pp. 280. ISBN 2-7453-0869-6.

Joris-Karl Huysmans is hot. Il suffit de consulter la bibliographie du dernier numéro du Bulletin de la Société J.-K. Huysmans pour découvrir le grand nombre de livres et d'articles qui ont paru ces derniers temps. Y figurent aussi les rééditions récentes de certains de ses livres: Marthe, histoire d'une fille (Max Chaleil, 2002), Les Sœurs Vatard (La Chasse au Snark, 2003), A Rebours (GF Flammarion, 2004) et, objet du présent texte, Le Drageoir aux épices, premier livre huysmansien (1874) qui jusqu'ici n'a peut-être pas eu l'attention qu'il mérite mais qui grâce à l'édition critique de Patrice Locmant sort de l'obscurité. Car depuis la publication des Œuvres complètes en 1928, il n'y a eu qu'une seule publication (UGE, 1991, où Le Drageoir est d'ailleurs éclipsé par A Rebours qui se trouve dans le même volume) de ce livre important puisque "livre des origines de toute une œuvre" (10). Patrice Locmant y insiste, nous le faisons avec lui: Le Drageoir aux épices a beau être considéré (même par l'auteur d'A Rebours) comme un "ilôt à part" dans l'œuvre, il apparaît surtout comme "un présage des engagements et démissions successifs envers les différentes esthétiques que [Huysmans] adoptera par la suite" (12); grâce à sa composition idiosyncrasique, puisque Le Drageoir est un recueil hétéroclite ("le livre le plus étrange qu'on puisse imaginer", ainsi que l'écrit Emile Chevalet dans L'Armée territoriale du 21 novembre 1874) où se rencontrent sonnet classique, chanson populaire, comptine, poème en prose, nouvelle, tableau de genre. Et les sujets ne sont [End Page 490] pas moins divers: un hareng saur, la Kermesse de Rubens, François Villon, un rococo japonais, la reine Marguerite et nous en passons. On y découvre donc un jeune littérateur qui fait ses débuts (Joris-Karl Huysmans a 26 ans au moment de la publication du Drageoir), à la recherche d'un style, d'une littérature, un écrivain aimant explorer tous les possibles, toutes les formules et qui n'a pas encore trouvé sa voie.

L'édition de Patrice Locmant est une édition sérieuse, solide, structurée, contenant non seulement un apparat critique exhaustif, mais aussi une introduction claire, des textes jusqu'ici inédits et d'autres documents intéressants qui sont rassemblés à la fin du livre. Certes, il y aurait quelques remarques à faire. Par exemple, l'auteur a une tendance un peu fâcheuse à confondre la Belgique (i.c. la Flandre) et les Pays-Bas. Ainsi, Rembrandt, Rubens, Brauwer, Béga, Hals, van Ostade sont tous présentés comme peintres du pays flamand (11) et la ville de Turnhout serait "une ville du sud de la Hollande" (239). Et à propos de l'influence d'Arthur Schopenhauer sur les écrivains français fin de siècle, Patrice Locmant remarque que "Huysmans ne pourra lire le philosophe allemand qu'à partir de 1888, date à laquelle paraît en France la première traduction, due à Burdeau [Auguste], du Monde comme volonté et comme représentation" (30). C'est à notre avis oublier l'ouvrage le plus important des années 1880 de Bourdeau (Jean), Pensées et fragments, un choix de textes auquel le philosophe allemand doit sa véritable popularité en France, notamment auprès des écrivains naturalistes comme Maupassant (Auprès d'un mort, 1883), Zola (La Joie de vivre, 1884) et Huysmans (A Vau-l'eau, 1882). Mais tout ceci ne peut nous empêcher de constater que l'édition critique de Patrice Locmant est un ouvrage indispensable à tout lecteur de l'œuvre. Elle vient non seulement combler une lacune dans les études huysmansiennes, mais elle souligne aussi une fois de plus – et sur de nouveaux frais – l'homogénéit...

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