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Reviewed by:
  • Hernani
  • Bernadette C. Lintz
Hugo, Victor. Hernani. John J. Janc, ed. New York: UP of America, 2001. Pp. 397. ISBN0-7618-2109-0

L'établissement d'une édition critique d'Hernani, à partir du dépouillement systématique du manuscrit, n'allait pas de soi. Il existe en effet deux versions du drame le plus connu de Victor Hugo: l'une, celle du manuscrit autographe rédigé entre le 29 août 1829 et le 24 septembre 1829, servit à la composition du texte de la première édition des Œuvres complètes publiée chez Renduel en 1836; l'autre, plus courte, dite "manuscrit du souffleur", fut fortement remaniée avant et après son passage à la censure, et imprimée chez Mame en mars 1830. Version théâtrale d'Hernani jouée tout au long du xixème siècle, le manuscrit du souffleur n'est en fait pas de la main de Hugo mais d'un copiste. Hugo la considérait comme la version "mutilée" de son drame puisqu'elle avait subi des modifications dictées par la censure et c'est ainsi qu'au moment d'inclure Hernani dans l'édition des Œuvres complètes de 1836, l'auteur privilégia la version autographe de 1829 qu'il considérait comme "complète" (Janc: 242). C'est cette dernière qui fut reprise dans les éditions des Œuvres complètes qui suivirent, telle l'édition Hetzel-Quantin (1880), considérée "définitive selon les manuscrits originels," ou encore l'édition dite "de l'Imprimerie Nationale" (1912). C'est également cette version qu'ont retenue, à quelques modifications près, les éditions plus récentes.

John Janc, dont c'est ici la deuxième édition critique d'une pièce de Hugo – on lui doit Les Deux trouvailles de Gallus (University Press of America, 1983) – entreprend d'arrêter le texte d'Hernani en se fondant sur l'analyse des documents autographes suivants: le manuscrit d'Hernani conservé à la Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française; un jeu d'épreuves intermédiaire de l'édition Renduel de 1836 conservé au même endroit et portant de nombreuses corrections de la main de Hugo; quelques feuillets supplémentaires portant des notes relatives au drame. Quant au manuscrit du souffleur, dont il affirme que les changements et corrections ne sont pas autographes, Janc estime qu'on ne peut en tenir compte dans l'établissement du texte définitif de la pièce, cette version "fort censurée . . . ne corresponda[n]t pas aux désirs de Hugo" (xiii).

Janc aborde l'analyse de ces documents et la question du bien-fondé de leur prise en compte dans une brève "Introduction" (v–xviii) où sont examinés tour à tour "Le [End Page 434] manuscrit de la pièce" (viii); "Le manuscrit du souffleur" (xi); "Les épreuves" (xi); "L'établissement du texte" (xiii). Suivent une liste des "Différences entre l'édition de 1830 et cette édition" (xv) ainsi que des "Notes sur l'apparat critique" (xviii) où figurent les sigles et systèmes de notation des variantes utilisés dans le corps de l'ouvrage.

L'étude du manuscrit révèle qu'il comporte de nombreux ajouts marginaux, ratures et surcharges et que, rédigé en un peu moins d'un mois, le drame fut l'objet de remaniements importants (suppressions de vers, amplifications ou encore nouvelles rédactions). Cette pratique de la correction et de la réécriture se retrouve du reste dans le jeu d'épreuves, elles aussi retouchées à maintes reprises, d'où l'éditeur de conclure au "besoin inhérent [chez Hugo] de constamment peaufiner son texte" (xviii).

Le texte d'Hernani arrêté par Janc, précédé de sa préface datée du 9 mars 1830 et suivi des cinq notes que Hugo avait ajoutées à son drame en 1830 (note 1) et en 1836 (notes 2-5) constitue la partie centrale de l'ouvrage (1-243). L'éditeur s'y livre à un travail de déchiffrement systématique et exhaustif des manuscrits concernés, fournissant, dans un apparat critique assez considérable de notes en...

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