In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Reviewed by:
  • Les Jardins de Zola, psychanalyse et paysage mythique dans les Rougon-Macquart
  • José Santos
Got, Olivier. Les Jardins de Zola, psychanalyse et paysage mythique dans les Rougon-Macquart. Paris: L’Harmattan, 2001. Pp. 255. ISBN2-7475-3159-7

Il faut rendre justice à Olivier Got de tenir à utiliser, dans son étude sur les jardins chez Zola, la méthode psychanalytique à une époque où elle n'a plus tellement cours en France, et où, après avoir été sapée des années durant par une certaine critique américaine, peu de critiques sur ce continent s'aventurent désormais dans les terrains mouvants de l'inconscient freudien. Encore faudraitil que la méthode se révèle ici plus consistante et plus constante pour qu'elle nous satisfasse tout à fait, ce bien que l'auteur s'explique dans son introduction sur un choix méthodologique délibérément bâtard. En particulier, l'approche jungienne, constamment évoquée plus loin par des termes tels que "archétypes" et "archétypal," est dès l'abord évincée de manière cavalière et peu convaincante, alors qu'il eût suffi de nous convaincre qu'une lecture hybride, mêlant les deux théories, était tout à fait acceptable, pour que le tour fût joué. De plus, la prémisse qui veut que "toute lecture psychanalytique d'un texte [soit] avant tout le dialogue de deux inconscients, celui de l'écrivain et celui du lecteur," (18, n. 17) nous semble pour le moins dangereuse. En effet, bien que la psychanalyse ne prétende pas être une science exacte, il est clair que le critique doit, dans tous les cas, y compris en ce qui concerne la méthode psychanalytique, tenter de laisser de côté sa subjectivité, fûtelle de nature inconsciente, au risque que l'interprétation ne vire au contresens, comme il nous a semblé que c'était parfois le cas ici. Plus problématique encore est peut-être le fait chez Got de coupler l'approche psychanalytique à une lecture traditionnelle, thématique, d'interprétation des textes. Chaque chapitre est consacré à une œuvre où le jardin tient une place prépondérante. C'est ainsi que le premier chapitre, intitule "Le paradis retrouve ou la carte de Tendre naturaliste," analyse La faute de l'abbé Mouret, où l'on sait que le Paradou sert de structure à l'action du roman et lui donne sa profondeur, le Paradou étant une version moderne du paradis biblique. On s'étonne toutefois que Got semble découvir le jardin comme [End Page 224] lieu de l'interdit lorsqu'il écrit "Peut-être y a-t-il une relation à établir entre la clôture qui caractérise tous ces espaces, et ce barrage qui se dresse a toute manifestation de désir." (23) Il est regrettable qu'il n'ait pas lu l'ouvrage de Gail Finney, The Counterfeit Idyll, qui traite bien de la question au xixème siècle. Ce sont différentes images du désir qu'il va s'attacher à déchiffrer au cours de ce chapitre. Le chapitre 2 se consacre à La Fortune des Rougon et s'intitule "Le clos et l'ouvert ou la légende de Thyrame et Thisbé." Gott y voit se rejouer le mythe grec dans le texte à la manière dont Zola avait refondu celui de Phèdre dans La Curée ou la Bible dans le Paradou. Il étudie donc à cet effet les images du mur, du puits et de la porte, faisant à l'occasion intervenir la psychanalyse bachelardienne. Ainsi, Got voit la cachette de Miette et de Sylvère dans le puits comme un retour au sein maternel (on serait plutot tenté de parler d'un retour a la vie intra-utérine). Le chapitre 3, "Le jardin étranglé ou le sacrifice fondateur," est consacré à Une Page d'amour, et en particulier au jardin des Deberle. Le roman contiendrait "des intuitions que l'on pourrait qualifier de pré-freudiennes" (141) dans la peinture des conséquences qu'ont eues pour la fille les désordres de la mère. Là aussi, l'auteur considère le jardin...

pdf