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<Nineteenth Century French Studies 30.1&2 (2001) 199-203



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Book Review

Flaubert and the Pictorial Arts:
From Image to Text


Tooke, Adrianne. Flaubert and the Pictorial Arts: From Image to Text. Oxford: Oxford UP, 2000. 326 pp. 10 pl. en noir et blanc. ISBN 0-19-815918-8

Depuis quelques années, des expositions, des livres, des actes de colloques ont étudié le statut de l'image et de la référence picturale chez Chateaubriand, Vigny, Hugo, Balzac, Baudelaire, Goncourt, Zola, Huysmans et Proust ... Pourtant, bien que de nombreux critiques, à commencer par Jean Seznec, qui fut aussi l'un des pionniers du domaine "texte et image," aient abordé la question sous un angle ou un autre, aucun livre n'avait jusqu'ici traité du rapport de Flaubert aux arts visuels, que l'ouvrage d'Adrianne Tooke a ainsi le mérite de révéler dans son ampleur. L'omniprésence d'une imagination visuelle, le rôle du regard et de la description dans l'écriture de Flaubert laissaient pressentir qu'il s'agissait là d'un grand sujet, d'un abord d'autant [End Page 199] plus compliqué que l'écrivain avait toujours proclamé son grand dédain de l'illus-tration et que dans son œuvre la définition du regardeur d'images s'avère par-ticulièrement complexe.

Adrianne Tooke commence par ce point; sa première partie présente brièvement les débats qui opposent les spécialistes de Flaubert entre eux, certains étant favorables à la notion de pictorialisme (qu'elle défend elle-même), et les autres reprenant l'idée, postérieure à Lessing, d'une altérité entre le littéraire et le visuel, fondée sur l'op-position entre art du temps et art de l'espace: c'est notamment le point de vue de Raymonde Debray-Genette qui repose sur le postulat d'une définition fixe et statique de l'image. La thèse d'Adrianne Tooke, plus nuancée, est partie d'une étude des textes de voyage de Flaubert: et cela mérite d'être souligné, car l'idée même du voyage, qu'il soit effectif, ou métaphorique (comme le voyage du lecteur dans le texte), implique une notion plus complexe et dynamique d'espace-temps, et une situation énonciative dans laquelle mobilité et déplacement sont pris en compte. Le plaisir du paysage qui bouge est propre au voyageur, qu'il marche ou qu'il soit assis dans le coche d'eau ou dans le compartiment d'un train. De même, dans le rêve ou l'hallucination, - état que connaît Flaubert par crises à partir de 1844, et sur lequel il se documente en lisant et relisant (en 1869) l'ouvrage de Brierre de Boismont (1845) - le regardeur immobile peut voir des images défiler comme sur un panorama ou se transformer à vue comme dans un spectacle de lanterne magique; l'émergence d'une conception ciné-tique de l'image, bien qu'elle ne soit pas développée ici, est sous-jacente à l'ensemble du débat sur les transformations du regard dans le premier XIXe siècle, et son amorce théorique a été formulée au XVIIIe siècle dans l'esthétique anglaise du jardin paysager, et dans la notion du "picturesque" qui fonde le pictorialisme, style revendiqué contre le naturalisme par tout un courant photographique anglo-américain jusqu'à la fin du siècle. L'attention que voue Flaubert à de telles questions apparaît fréquemment dans son œuvre, et notamment dans la sélection du passage sur Loutherbourg du livre de Charles Blanc, qu'édite Tooke. Cette esthétique du regard mobile et des transformations à vue plaira à Kafka lecteur de Madame Bovary: elle fait partie de la modernité de l'écriture de Flaubert, au même titre que le recours, mieux étudié (mais guère abordé dans le livre d'Adrianne Tooke), au cliché et au stéréotype, et suppose une réflexion sur l...

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