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<Nineteenth Century French Studies 30.1&2 (2001) 189-191



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Book Review

Les Paradis artificiels

Nouvelles Lettres


Baudelaire, Charles. Les Paradis artificiels. Paris: Livre de Poche classique, 2000. Préface et notes par Jean-Luc Steinmetz. Pp. 319. ISBN 2-253-01438-9

Baudelaire, Charles. Nouvelles Lettres. Paris: Fayard, 2000. Présentées et annotées par Claude Pichois. Pp. 124. ISBN 2-213-60797-4

"A propos de haschisch et d'opium, je vous engage à ne faire aucune expérience. Ce qui peut arriver de pis c'est d'y prendre plaisir. [...] Tout le danger se résume pour moi dans ces mots: diminution de la faculté de vouloir." Ainsi Baudelaire à Armand Fraisse le 12 août 1860 dans une lettre dont avant 1980 on ne connaissait qu'un fragment et que Claude Pichois vient de publier en entier dans son édition de lettres retrouvées du poète des Fleurs du mal. Cette conviction fait partie d'une longue méditation sur les intoxicants, méditation qui trouve son expression la plus développée dans les articles publiés sous le titre collectif des Paradis artificiels. Ce sont ces articles que Livre de Poche vient de sortir avec un appareil critique dû au poète et spécialiste du dix-neuvième siècle qui est Jean-Luc Steinmetz. Comme on pourrait s'y attendre, Steinmetz tire admirablement partie de ses connaissances de l'époque ainsi que de ses perceptions de poète pour faire de ce travail une étude tout aussi agréable qu'utile. Il voit dans l'attention que Baudelaire prête aux drogues surtout un moyen d'observation psychologique et morale, une métaphore plutôt qu'une réalité. D'ail-leurs, il situe cet intérêt dans le cadre d'une certaine tradition littéraire, tradition illustrée bien entendu par Balzac (dont l'Opium est reproduit en fin de livre), Musset et Gautier aussi bien que par de Quincey, dont Steinmetz juge les "pages oniriques et pré-psychanalytiques" comme témoignant "d'une extraordinaire compréhension de l'intimité psychique, du 'monde intérieur.' " Il est pourtant clair que, pour Steinmetz, Les Paradis artificiels valent la peine d'être étudiés de près moins pour leur contenu qu'en tant qu'un "atelier de style," une "réflexion critique sur la poésie, (qui constitue) une plaque tournante à partir de laquelle observer l'œuvre entier." Surtout Steinmetz y voit un "art poétique dissimulé, traité moral marqueté d'anecdotes, [...] la clef d'un monde où le naturel, l'artificiel et le supranaturel, la volonté et la volupté entrent en concurrence, pour que finalement triomphe une lumière supérieure refusant un trop [End Page 189] facile abandon à de fantasmagoriques jouissances." Le recueil se termine avec un regard sur la réception de l'œuvre, illustrée par la lettre de Flaubert et un article de Barbey d'Aurevilly. Des illustrations de Meryon, une curieuse "fumée du hachisch" par Zimmermann, aussi bien que des illustrations plus attendues - l'autoportrait sous l'influence du hachisch et la caricature de Baudelaire par Baudelaire - ainsi qu'une chronologie et une bibliographie éparse mais utile font de cette édition un agréable instrument de travail qui met bien en valeur ce que Baudelaire présentait comme "la noblesse permanente de l'intention."

L'intention - réalisée ou rêvée - peut faire partie aussi d'une correspondance, mais les lettres laissent dans notre connaissance d'un écrivain des traces qui sont bien plus arbitraires que des œuvres publiées, quelle que fût leur réception. Lettres perdues, lettres cachées, lettres que des collectionneurs gardent silencieusement jusqu'au moment où le marché semble enfin prometteur, rien d'étonnant donc que Claude Pichois ouvre son volume en poussant un soupir: "Le destin des correspondances est de rester à tout jamais inachevées." Ce que ce Baudelairien par excellence nous offre est 75 lettres de Baudelaire trouvées après la parution des 2 volumes de la Pléiade. Ce qui plus est...

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