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Reviewed by:
  • Religion and Reconciliation in Greek Cities : The Sacred Laws of Selinus and Cyrene by Noel Robertson
  • Mélanie Houle
Noel Robertson. Religion and Reconciliation in Greek Cities : The Sacred Laws of Selinus and Cyrene. American Classical Studies 54. Oxford: American Philological Association / Oxford University Press, 2009. Pp. xii + 414. CDN $108.95. ISBN 9780195394009.

Ce livre scrute en détail deux leges sacrae souvent tenues pour des rituels cathartiques : les lois de Sélinonte, vers le milieu du VE s. av. J.-C. (15-251) et de Cyrène, à la fin du IVe s. av. J.-C (253-374). À l’encontre de toute l’historiographie, qui voit dans certains de leurs énoncés une réaction civique analogue dans un même contexte de purification d’urgence, Noel Robertson les perçoit comme deux textes aux contenus très différents et pourtant issus d’une condition sociale semblable : un gouvernement oligarchique stable. Là résiderait leur point commun, plutôt que de trahir certaines mesures exceptionnelles face à une pollution extrême, toutes deux réguleraient les pratiques rituelles liées à l’enchainement des cycles saisonniers et agricoles, afin de rassembler les citoyens de différentes classes par l’observance de rites.

Les textes et leur exégèse sont introduits lors d’un court préambule dans lequel le contexte historique est également précisé par un excursus sur la cité et la religion (3-11). Le développement de la religion grecque fut concomitant à celui des villes, les dieux s’étant annexés à cette forme de société nouvelle, ils y ont évolué et y ont acquis des fonctions sociales. Mais leur définition est antérieure : le temps et les récoltes découlaient de leur omnipotence avant que les Grecs n’émigrent vers de nouveaux centres urbains au début des siècles obscurs. Ils étaient formellement des dieux agraires dont la référence était une tradition liée à la nature et aux ressources des côtes méditerranéennes. En tant qu’objets de l’opération magique qu’est le rite ils n’ont jamais complètement perdu cette particularité. Cette perspective imprègne fortement la lecture que fait Robertson des documents qu’il utilise au cours de son analyse et sert de pierre angulaire à l’examen des lois de Sélinonte et de Cyrène.

Publiée en 1993 par M.H. Jameson, D.R. Jordan et R.D. Kotansky1, l’inscription de Sélinonte était comprise comme un apaisement de divinités de nature sinistre, voir vengeresse. Dans la colonne A, ce sont Zeus eumenes, les Euménides, Zeus milichios et les Tritopatreis, des redoutables justiciers concernés par le meurtre et la pollution qui en résulte. De même, la colonne B aurait indiqué la procédure pour délivrer un autorektas d’un elasteros, des entités qui ne sont pas autrement connues mais qu’on a identifiées comme un assassin et son alastôr. Le rituel décrit dans ce document était par conséquent défini comme une purification et avait probablement été instauré suite à une occurrence homicide. Cependant, Robertson s’oppose à cette interprétation et en souligne le caractère incertain puisqu’elle résulte en partie d’un parallèle avec les rites de purification de la loi de Cyrène pour lesquels [End Page 119] aucune certitude n’est établie.

Une réédition du document accompagnée de notes, d’une traduction, et d’explication à l’agencement particulier de la tablette est proposée aux premiers chapitres. Le texte est disposé sur deux colonnes inscrites à l’inverse l’une de l’autre, de telle manière qu’il est seulement possible, quel que soit le côté où l’on se trouve, de lire la colonne de droite, ce que l’auteur justifie, point essentiel de son argumentation, en supposant que la tablette était clouée sur une surface verticale permettant la lecture d’une seule colonne à la fois. À raison d’une demie année chacune, elles comportaient des rites adaptés aux saisons et aux cycles agricoles en cours.

Les trois premières lignes du texte sont...

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