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  • Pas au-delà
  • Michele Di Bartolo (bio)

Commençons par le principe. Par le concept d’arkhé. Parce que, si en Freud on trouve une ouverture à l’au-delà, c’est justement à l’au-delà de l’arkhé.

On le rappelle, le grec arkhé condense deux ordres de significations: la signification ontologique du principe comme origine et la signification nomologique du principe comme commandement. Dire que Freud ouvre à l’au-delà de l’arkhé, ce sera donc dire que quelque chose dans son discours remet en question et le principe de l’origine, et le principe du pouvoir. C’est en tenant compte de ce pas au-delà que, après Derrida, on doit reprendre le parcours, sinon le pas, Freudien.

Mais le pas de Freud est un pas qui n’avance pas, un pas boiteux qui reste sur place, qui avance seulement pour revenir en arrière, qui se porte sur la marge sans jamais la dépasser. Et c’est justement à travers ce mouvement qu’il creuse sur place, ici, dans l’en-deçà, son au-delà : « Elliptiquement, faute de temps, je dirai que la graphique, l’autobiographique de Au-delà . . ., du mot au-delà (jenseits en général, le pas au-delà en général) frappe le fort / da d’une prescription, celle du rapporté par où [End Page 43] la proximité s’éloigne en abyme (Ent-fernung). La pulsion de mort est , dans le PP, qui s’agit d’un fort / da » (Derrida, « Spéculer » 344).

Pas d’au-delà, donc. Mais c’est bien dans le pas de ce pas que Derrida trouve la ressource la plus déstabilisante de la psychanalyse. Une autre logique, une logique athétique, ouvre la possibilité d’un dépassement qui, puisqu’il n’arrive jamais, ne peut pas ramener à la logique de l’origine présente qui est d’ailleurs aussi la logique de la maîtrise et de la violence.

La lecture dérridienne de Freud passe à travers l’analyse de deux séries de métaphores au moyen du même mouvement de pensée. La métaphore n’est pas, en réalité, une clarification de quelque chose d’inconnu par une image connue, mais un procédé qui explore l’inconnu en remettant en même temps en cause, en le rendant énigmatique, le connu (Derrida, « Freud » 296).

Freud introduit la métaphore de la psyché comme machine d’écriture et du psychique comme texte pour illustrer le fonctionnement de la psyché. Mais, dans cet effort, il ne trouve pas de métaphore appropriée tant qu’il ne tombe pas sur le bloc magique, un instrument qui, d’une part, semble capable de rendre compte de la com-plexité de la psyché mais, d’autre part, met au jour une conception de l’écriture tout à fait nouvelle.

L’origine de la vie psychique est, remarque Freud, la mémoire. La mémoire n’est qu’un système de traces. Mais ces traces ne peuvent pas être décrites comme quelque chose qui reste présent sur un support, comme dans le plus simple modèle d’écriture. Il faut rendre compte en même temps de la conservation de la trace et de l’écrivibil-ité continue du support. Cela implique la nécessité d’imaginer un système capable de conserver et simultanément d’effacer la trace. À l’origine de la psyché, donc, il n’y aurait aucune présence pleine, mais l’origine se représenterait, déjà depuis toujours, comme structurellement différenciée.

La structure sémiotique de la subjectivité implique le dépassement de la conception de la conscience comme lieu de la présence pleine de significations. Le sujet est un sujet constitutivement différencié dans la mesure où en lui rien ne se donne sinon par la médiation du signe. Aucun signe ne porte en lui une signification donnée, mais toute signification se détermine à l’intérieur d’un système de différences. En outre, le texte psychique ne se représente pas pour Freud comme l’expression de significations connues au sujet, mais comme un texte...

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