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  • Guerre et littérature de jeunesse (1913-1919) by Laurence Olivier-Messonnier
  • Anne Cirella-Urrutia
Laurence Olivier-Messonnier. Guerre et littérature de jeunesse (1913-1919). Paris: L’Harmattan, 2012. ISBN 978-2-296-96069-5. Pp. 409. 39,50 €.

Olivier-Messonnier fait un véritable travail d’expansion et d’analyse critique et socioculturelle des illustrés de jeunesse parus durant la Première Guerre Mondiale. Son optique comparatiste met en amont des questions majeures : l’enrôlement des enfants a-t-il eu lieu au travers d’une paralittérature de « bourrage de crâne » ou bien au contraire la guerre a-t-elle promu la naissance d’un véritable genre littéraire participant à l’édification de l’identité française ? Découpant son étude en trois grands axes, elle propose d’élucider comment ce nouveau médium populaire né dans un élan cocardier de défense de la patrie a engendré la périodicité de certains illustrés bien au-delà du conflit, fidélisant ainsi un nouveau type de lectorat avec la naissance de la bande dessinée. Plus important est la place qu’elle consacre à certains feuillets destinés aux petites filles : La Semaine de Suzette dans la première partie de son ouvrage et Fillette dans la deuxième partie. En effet, Olivier-Messonnier y analyse leur typologie à la lumière des productions féminines et montre comment ces histoires viennent au secours du patriotisme en renforçant la haine de l’Allemand et la participation des jeunes filles à l’effort de la guerre. Ainsi, elle analyse ces nouveaux héros et héroïnes partis en guerre dont la sotte bretonne Bécassine qu’elle met judicieusement en parallèle aux trois héros du périodique de Forton Les Pieds nickelés paru en 1908 dans la revue L’Épatant. L’auteure explique les procédés narratifs mis en place par ces illustrateurs faisant place à une forme d’humour qui déroge aux règles morales par des histoires imagées caricaturales qui ont une portée anti-propagandiste. Dans un deuxième temps, Olivier-Messonnier interroge la manière dont la presse populaire enfantine appréhende la guerre et ses composantes dans une perspective plus phénoménologique et générique. Bien que certains de ces illustrés résistent tout discours propagandiste, d’autres comme Fillette s’inscrivent dans une lignée propagandiste en récupérant des formes littéraires brèves pour des fins patriotiques : notamment la réécriture des contes de Perrault et des apologues de Jean de La Fontaine (193). Olivier-Messionnier montre comment l’espiègle Lili, contrairement à Bécassine et aux Pieds nickelés, utilise un langage châtié, dépourvu de fautes de français ou de termes argotiques. Elle est anti-Bécassine par excellence. Enfin, l’auteure consacre la dernière partie à une collection de douze ouvrages qui exacerbent la fibre cocardière et la haine du « boche ». Rédigés par des auteurs masculins et féminins, ces ouvrages brossent cette littérature de type héroïque qui a pour protagoniste un enfant : « ils ont entre dix et seize ans, sont français, alsaciens, lorrains, belges, polonais, russes, anglais, serbes, italiens » (208). C’est dire l’importance accordée à l’enfance durant la Grande Guerre à travers l’analyse du système narratif et énonciatif ainsi que l’étude de l’iconographie de ces fameux Livres roses (1909). Olivier-Messonnier fait un véritable tour de force. Son étude foisonne de notes en bas de pages attestant une recherche très solide et annexe une bibliographie de taille. L’auteure a le mérite d’ouvrir une nouvelle brèche sociohistorique au sein de l’histoire de la littérature de jeunesse au croisement de la naissance du neuvième art en France. [End Page 152]

Anne Cirella-Urrutia
Huston-Tillotson University
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